M onsieur Michejda, consultant commandité par la Fédération Nationale des Transports Routiers pour mener une enquête sur le groupe allemand Willi Betz, semble n'a pas apprécié les commentaires publiés à propos de son travail, dans notre numéro 2050 du 30 octobre. Il estime sa déontologie et son éthique personnelle remises en cause et nous demande de publier la réponse suivante, à laquelle nous nous autorisons à notre tour d'apporter quelques remarques. « Parce que le phénomène Willi Betz interpelle les professionnels du transport routier de marchandises français, mais aussi ceux de la plupart des pays de la CE, il fallait faire la part de la rumeur et de la réalité pour tirer toutes les conséquences de ces pratiques. Consultant en économie des transports et de la logistique depuis près de 15 ans, parlant entre autres langues le polonais, la FNTR m'a confié un travail d'investigation sur le sujet. Dans votre article vous me reprochez d'avoir « déçu » vos attentes dont, je le regrette, vous ne m'avez pas fait part. Pas plus que vous ne m'avez interrogé sur la méthodologie employée, méthodologie que je me serais fait un plaisir d'expliquer à vos journalistes. Ce qui fut fait avec nombre de vos confrères après mon intervention au Congrès de Lyon. En l'occurrence, je ne me suis en aucun cas « contenté » de reproduire des informations déjà parues dans la presse, et ce pour 2 raisons :
> Ce qui est publié n'est pas forcément vrai et les contradictions des articles de la presse européenne ont nécessité un lourd travail de vérification.
> L'exposé de Lyon est une synthèse d'un rapport complet, dont l'objectif n'était pas de faire des révélations, mais de présenter la réalité économique du groupe WB.
Car, si bon fut-il, l'article de L'OT du mois de juin n'a pas mis en évidence :
> l'historique du groupe qui permet de comprendre ce qu'il est devenu aujourd'hui,
> son organisation et sa structure financière, qui permettent de mieux appréhender sa stratégie,
> ses modalités de fonctionnement, de nature à expliquer comment WB profite des failles et faiblesses du système réglementaire du transport routier européen.
Les chiffres sont des simulations fondées sur les données du groupe (modalités de fonctionnement, taille) mises en perspective avec les données économiques généralement admises pour la profession.
Vérification des données publiées, investigations financières, enquêtes auprès des chauffeurs et collaborateurs (actuels et anciens) du groupe, comptages statistiques autoroutiers, entretiens avec les autorités administratives, les chargeurs et les transporteurs français et étrangers confrontés à la concurrence de Willi Betz... n'apparaissent apparemment pas à votre rédacteur en chef comme des démarches d'investigation et du travail digne de respect. C'est regrettable. Avant tout pour vos lecteurs. »
Notre réponse :
Nous ne nous avancerons pas sur le terrain de l'appréciation subjective, pour mieux avancer quelques faits.
1. L'article de L'Officiel des Transporteurs auquel Monsieur Michejda semble faire référence a été publié dans notre numéro 2037 du 26 juin. Contrairement à ce que prétend Monsieur Michejda, il présente à la fois l'historique, l'organisation, la structure financière et les modalités de fonctionnement du groupe Willi Betz.
2. Si elles n'ont pas le caractère scientifique auquel prétend l'enquête de Monsieur Michejda, les informations publiées par L'Officiel des Transporteurs sont vérifiées avant publication. C'est une question de déontologie et surtout de professionnalisme.
3. Il est clairement établi que les conditions offertes par Mercedes au groupe Willi Betz, telles que les a analysées Monsieur Michejda, sont loin de constituer un avantage concurrentiel déterminant sur le marché européen. Outre cette estimation hasardeuse, Monsieur Michejda avance que les 4 000 véhicules moteurs qu'il compte (comme nous) dans la flotte Willi Betz seraient tous munis de balises GPS Euteltracs. Mais Euteltracs lui-même n'en trouve que 2 500. Les 1 500 balises manquantes figureraient-elles en annexe du « rapport complet » remis par Monsieur Michejda à la FNTR et dont seule la « synthèse » a été communiquée à la presse ?
4. L'enquête réalisée par Monsieur Michejda lui a été commandée par la FNTR, qui s'appuie sur ce travail pour mieux fonder un discours de politique professionnelle opposé à la mise en oeuvre de la loi sur les 35 heures dans le transport routier de marchandises et à « l'exception sociale française » dans une Europe en mal d'harmonisation. Les articles publiés dans L'Officiel des Transporteurs sont des travaux de journalistes, destinés à satisfaire un besoin d'information.