En moins d'un an, la plupart des messagers français sont « tombés » sous le contrôle de groupes étrangers. Fin 1998, Broos Fouya et Jet Services ont été repris par le Hollandais TNT, Ducros par Deutsche Post. En 1999, Graveleau a été cédé à l'Allemand Dachser, Dubois à la Société Nationale des Chemins de fer Belges. Sernadis et Arcatime viennent d'être vendus à la poste allemande.
Tous seront progressivement absorbés dans de gigantesques machines à fabriquer une messagerie banalisée au niveau européen. Pour ceux des groupes français qui n'ont pas encore été rachetés (Mory, Gefco, Calberson, le Sernam, Heppner, Joyau, Grimaud, pour les plus significatifs), il est urgent de grandir ou de spécialiser leurs prestations. A moins qu'ils n'aient les moyens financiers de résister à la tempête commerciale qui va bientôt souffler sur le marché. Mais comment le pourraient-ils lorsque leurs marges, rognées pendant des années par un système économique incapable de faire son choix entre rentabilité privée et service public, ont déjà contraint leurs confrères à se plier à la loi du plus fort financier étranger ? Après avoir sabordé sa marine marchande, dilapidé sa façade maritime et ses ports, saboté le transport combiné et le fret ferroviaire, la France vient de renoncer, de fait, à exister sur le futur marché européen de la messagerie. Et de sombres augures, parmi lesquels figurent quelques-unes des plus significatives figures de la profession, prédisent aujourd'hui le même sort à l'ensemble du transport routier. Quelqu'un trouvera-t-il une potion magique avant que la Gaule, dominée par l'envahisseur européen, ne soit plus peuplée que de quelques irréductibles tractionnaires ?