8 269 F pour un Français, 8 144 F pour un Britannique. Ce sont les coûts de revient d'une relation Londres-Lyon selon une simulation réalisée par le Comité national routier à partir de données collectées et retraitées. Le trajet considéré comprend déchargement à Nottingham, rechargement à Londres, embarquement sur un ferry puis débarquement à Calais avant un acheminement du fret à Lyon via Reims, Chaumont et Dijon. Le CNR a établi son estimation en se basant sur une durée de parcours de 2 jours avec 15,5 heures de temps de conduite, 5,5 heures d'autres temps de service (définition française) et 16 heures de temps autres dont repos journalier. Les coûts fixes d'un véhicule britannique sont légèrement inférieurs à ceux d'un Français. Mais, la différence est largement absorbée par des coûts variables très supérieurs pour le premier. Au total, « l'écart est trop réduit pour en déduire que le transporteur britannique dispose d'un avantage de compétitivité sur le seul facteur coût », conclut le CNR.
« Contrairement à ce que prétend cette étude, un transporteur britannique n'est pas moins cher qu'un français sur un parcours Londres-Lyon. Même si les charges sociales sont plus élevées en France, le gazole et les taxes y sont moins chers. Quand nos véhicules sont là-bas, nous en profitons naturellement pour faire le plein. Mais cela ne suffit pas à annuler complètement les surcoûts que nous subissons », commente un transporteur basé à Douvres et dont, en moyenne, deux véhicules font le trajet Londres-Lyon chaque semaine. « C'est beaucoup moins qu'avant car nos prix sont trop élevés par rapport à ceux des Français. Mais nous ne voulons pas aller à Lyon si nous ne sommes pas payés au tarif que nous demandons. Ce serait insensé d'envoyer dans le Rhône des véhicules qui ne nous apporteraient pas de bénéfices ».
Les résultats auxquels aboutit l'enquête du CNR semblent d'autant moins valides à ce Britannique qu'il facture, lui, un Londres-Lyon de 700 et 750 livres (entre 7 000 F et 7 500 F pour une semi savoyarde de 38 t. « Même si nous ne sommes pas plus compétitifs en terme tarifaire, nous le sommes en matière de service. De nombreux transporteurs français viennent ici et ne respectent pas les horaires : ils se rendent chez les clients quand ils veulent ! Nous, nous respectons les impératifs de nos clients », souligne le transporteur qui souhaite rester anonyme. Son entreprise dispose d'une flotte de 40 véhicules, réalise un chiffre d'affaires de 150 MF dont 65 % en national et 35 % à l'international.