Moins 10 % sur leurs tarifs, c'est la mauvaise nouvelle qui est tombée en juillet dernier sur les épaules des transporteurs travaillant pour les Ciments d'Origny (Pas-de-Calais). Les négociations se poursuivent, mais plusieurs entreprises ont alerté les organisations professionnelles. Ce qui n'est pas du goût du cimentier. Ainsi, Ludovic Rempteaux, de l'Unostra, en réponse à son courrier, a reçu du siège parisien des Ciments d'Origny, une lettre plutôt sèche lui indiquant qu'il n'avait rien à faire dans les discussions. Selon Philippe Leleu, responsable logistique des Ciments d'Origny, il n'y a pas de conflit. Insistant sur les relations de partenariat qui existent entre son entreprise et les transporteurs, Philippe Leleu rappelle que le barème n'est pas la seule variable en jeu. Ainsi les heures d'attente des camions, le calcul des distances, ou encore la garantie du chiffre d'affaires, tout se négocie. « La discussion est ouverte en permanence », assure le responsable logistique. Des propos prudemment confirmés par plusieurs transporteurs travaillant avec les Ciments d'Origny. Eux non plus ne veulent pas parler de conflit, même s'ils déplorent la manière dont les « discussions » ont démarré. Les transporteurs ont été reçu un par un par l'entreprise de cimenterie pour apprendre la mauvaise nouvelle.
Le ton est nettement différent chez les Transports Huré. S'il reconnaît que les contreparties mises en place par les Ciments d'Origny sont appréciables, notamment en matière de productivité, Bertrand Huré estime que l'« on met la charrue avant les boeufs. Si la méthode de travail peut être améliorée, on le fait, et ensuite on discute des prix ». En fait, si Huré est l'un des rares à parler ouvertement de conflit, c'est selon lui parce que les petites entreprises de transport craignent pour leur chiffre d'affaires. «Nous ne sommes pas grand chose pour les Ciments d'Origny, alors que les Ciments d'Origny sont beaucoup pour nous », avoue un des ces «petits». Chez Huré en revanche, la situation n'est pas la même. L'entreprise ne se contente pas de transporter du ciment, elle en achète également. De quoi donner du poids aux négociations. La baisse initiale de 10 % sur les produits finis sortant de la cimenterie a d'ailleurs été ramené à 7 %. L'affaire tombe tout de même très mal pour les transporteurs, déjà confrontés aux problèmes posés par l'application des 35 heures, la hausse des carburants et les négociations salariales. Du côté des organisations professionnelles, on ne compte pas en rester là, même si leurs adhérents ne semblent aujourd'hui pas très chauds pour entrer en conflit avec les Ciments d'Origny. Mais, Ludovic Rempteaux fait le parallèle avec le cas de la sucrerie d'Ecaudoeuvres, près de Cambrai (l'OT 2045 du 25 septembre 1999). La mobilisation des transporteurs, faible au départ, avait permis d'inverser la tendance et de passer d'une diminution des tarifs à une augmentation.