Le « cas » Willi Betz, ce groupe allemand de transport routier dont la plus importante filiale est bulgare, a fait couler beaucoup d'encre et continue d'alimenter de nombreuses conversations professionnelles. Sans doute mérite-t-il donc d'être étudié de plus près pour en tirer d'éventuels enseignements. C'est ce qu'a tenté de faire la Fédération Nationale des Transports Routiers en annonçant la publication, lors de son congrès 1999, des résultats d'une enquête commandée pour la circonstance auprès d'un consultant. Le choix du sujet et de la méthodologie laissait entendre qu'une véritable investigation avait été réalisée, comme celles que les journalistes regrettent de ne pas toujours pouvoir mener, faute de temps et de moyens.
La brillante intervention de Piotr Michejda le 20 octobre fut loin de répondre à cette attente. Pour démontrer, puis chiffrer l'avantage concurrentiel dont bénéficierait Willi Betz par rapport à ses confrères français, le consultant sélectionné par la FNTR s'est contenté de répéter des informations déjà publiées, ici ou la, dans la presse française en 1999. Seules véritables révélations de son enquête : une évaluation du coût de revient mensuel d'un conducteur bulgare (plus facile à obtenir semble-t-il que celle d'un conducteur belge ou espagnol) ainsi qu'une estimation des conditions offertes par le constructeur de véhicules industriels Mercedes à son compatriote transporteur. Sacré négociateur, ce Willi Betz ! Il arracherait des centaines de tracteurs Actros 1840 flambant neufs avec une remise de 20 %, soit 100 000 F d'économie à l'unité. Autrement dit, il les paierait environ 400 000 F, c'est-à-dire ni plus ni moins que le niveau tarifaire standard du marché français. De source sûre, celle-la, certains transporteurs français parviennent même à obtenir de meilleures conditions. Informé des conclusions de l'enquête de la FNTR, Willi Betz n'a plus qu'à envisager une nouvelle délocalisation : celle de la gestion de sa flotte... En France.