Du jamais vu ! En 1999, le marché français des véhicules industriels de plus de 5 t devrait atteindre un niveau record de 52 500 unités (44 250 véhicules de plus de 15 t dont 28 000 tracteurs), contre 47 379 l'an dernier. Il dépasserait ainsi le seuil historique de 49 961 immatriculations atteint en 1990.
A fin septembre, le marché français totalisait déjà 40 701 unités (dont 21 302 tracteurs), en progression de 13,5 % par rapport à la même période en 1998. Un climat euphorique qui, sans bousculer les hiérarchies, ne profite pas à tout le monde. Renault VI, toujours solidement installé dans son fauteuil de leader (14 872 unités écoulées sur les neuf premiers mois de l'année), voit sa part de marché s'effriter. Celle-ci tombe à 36,5 % (- 2,5 points). « Ce point bas s'explique par une forte baisse des commandes constatée fin 1998 qui s'est répercutée cette année », explique la direction du constructeur national. Laquelle constate que la France, second marché européen du poids lourd derrière l'Allemagne, est devenue une « place ultra concurrentielle ». Mercedes, quant à lui, profite pleinement de la croissance avec une augmentation de 22 % en volume (7 103 véhicules) et une pénétration en hausse (+ 1,3 point) à 17,5 %. « Nous devrions clôturer l'année avec un total de 9 300 ventes, se décomposant en 6 910 Actros, 2 265 Atego, 125 Unimog et Econic », souligne Marc Claerr, responsable des véhicules industriels chez DaimlerChrysler France. Derrière la marque à l'étoile, le Suédois Volvo enregistre 11,7 % de parts de marché (-1,3 point) avec 4 744 immatriculations (+2,2 %). Iveco est, avec Mercedes, un autre grand bénéficiaire du dynamisme du marché. Sa part de marché atteint 11,4 % (10,6 % en 1998) avec une progression de + 22,4 % en volume (4 631 unités). La chute du constructeur italien semble désormais enrayée. A fin 1999, Daniel Louis, patron d'Iveco France, vise même 11,8 % de parts de marché. Avec des ventes en augmentation de + 27,6 % (3 646 immatriculations), Scania tire aussi amplement son épingle du jeu. En pénétration, Scania enregistre 9 % de parts de marché, en hausse d'un point. Daf, avec 3 780 unités, compte terminer l'année avec 7,2 % de parts de marché. L'Allemand Man progresse également sur les deux tableaux : + 25,7 % en volume (2 432 unités) et +0,6 point en pénétration (6 % de parts de marché).
21 302 tracteurs. Sur le segment des tracteurs lourds (21 302 unités à fin septembre 1999), Renault VI a immatriculé 7 134 unités (- 1,2 %). Sa part de marché est également en baisse, à 33,5 % (- 2,5 points). Premier importateur de tracteurs en France, Volvo régresse avec 3 385 immatriculations (- 3,5 %) et une part de marché de 15,9 % (- 1,6 point). Mercedes connaît une légère hausse de ses volumes (+ 3,4 %, 3 138 immatriculations) pour une pénétration de 14,9 % (- 0,4 point). C'est le Suédois Scania qui profite le mieux de la conjoncture avec des volumes en hausse de 37,6 % (2 658 unités) et une part de marché en progression de 3 points, à 12,5 %. Iveco enregistre, sur les neuf premiers mois, une part de marché de 9 % (+ 1,2 point) pour 1 919 tracteurs immatriculés (+ 22,3 %). Daf capte 9,2 % du marché des tracteurs (- 0,1 point) avec 1 964 immatriculations (+ 4,6 %). Quant à Man, sa part de marché se fixe à 5 % (+ 0,6 point) avec 1 059 tracteurs immatriculés (+ 20,6 %).
Sur le créneau des porteurs lourds (19 399 unités à fin septembre), Renault VI est en recul avec une pénétration de 40,2 % contre 42 % à la même période en 1998. Mercedes gagne deux points avec une part de marché de 17,9 %. Volvo régresse légèrement avec une part de marché de 8,3 % contre 8,9 % en 1998. Iveco capte 8,4 % du marché des porteurs (9 % en 1998) et Scania 7,9 % (8,8 % en 1998). Man et Daf améliorent leurs parts de marché avec respectivement 8,2 % (7,8 % en 1998) et 7,1 % (5,4 % l'an dernier).
« Avec 29 000 ventes prévues pour cette année (19 700 pour les utilitaires de 2 t à 5 t et 9 300 pour les camions de plus de 5 t), nous allons dépasser notre niveau de 1998 (25 500 facturations) qui était déjà considéré comme un record historique », annonce, tout sourire, Marc Claerr, responsable de la division véhicules industriels de Mercedes en France. En plus de 5 t, la marque à l'étoile a pleinement profité du vent de folie qui a soufflé sur le marché. Elle s'attend à capter 17,7 % du marché, s'installant ainsi derrière le constructeur national. Sur le créneau des utilitaires légers, l'importateur prévoit d'atteindre une pénétration de 14,8 %, dans un marché global estimé à 101 936 unités (+ 8,3 % par rapport à 1998). Il ne serait plus devancé que par Renault (20 % de parts de marché), consolidant sa position devant Fiat (14,3 %), Peugeot (13,7 %) et Citroën (11,9 %). Résultat : pour la première fois, le chiffre d'affaires de la division VI de Mercedes (6,6 MdF en 1999) devrait représenter 41,5 % du chiffre d'affaires total que réalise DaimlerChrysler dans l'Hexagone.
Pour 2000, Marc Claerr mise sur un marché VI équivalent à celui de 1999, « à condition que la croissance de 3 %, prévue par les experts, se confirme l'an prochain ». En revanche, le responsable est beaucoup plus alarmiste sur l'érosion des marges constatée dans le secteur des poids lourds. « Nous sommes arrivés à un niveau plancher en matière de gains de productivité », remarque-t-il. « Nous craignons désormais l'arrivée d'une nouvelle pression tarifaire en raison notamment du rapprochement entre Volvo et Scania », explique Marc Claerr. Lequel redoute surtout la puissance industrielle et financière du groupe scandinave.