La réussite d'une reconversion

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A 41 ans, José Raillot est affréteur international au sein d'une agence rouennaise appartenant au groupe Schenker BTL. Ancien déclarant en douane, il dirige une équipe de deux personnes qui, comme lui, organisent le transport de marchandises.

« Road manager », responsable du service transport ou encore affréteur, plusieurs dénominations existent pour définir le poste de José Raillot au sein d'une agence normande de Schenker BTL. Lui-même se dit vendeur de transport... « J'occupe ces responsabilités depuis sept ans, mais j'ai toujours travaillé dans le secteur du transport. » A 16 ans, José Raillot débute dans une entreprise rouennaise en tant que coursier. Un BTS de déclarant en douane et un diplôme d'organisateur de transport en poche, il touchera ensuite au groupage et au transport de lots à l'international. Spécialiste du transport maritime, il entre, en 1992, chez Jules Roy et, lorsque l'entreprise devient Schenker BTL, il évolue avec elle. Ce groupe emploie 700 personnes en France sur plusieurs agences. « Chez Jules Roy, j'étais responsable du service transit. Je gérais l'ensemble des transports multimodaux avec une préférence pour le routier en national et en international. » 1993 n'a pas été une année facile puisqu'elle a marqué la fin du métier de déclarant en douane. « À l'ouverture des frontières, nombre de mes collègues furent complètement pris au dépourvu. Ils n'avaient pas suffisamment préparé leur reconversion. Mon cas est un peu différent : j'ai subi une perte de 30 % à 50 % de mes revenus, mais je me suis immédiatement dirigé vers l'affrètement puisque je possédais un diplôme d'organisateur de transport. » Néanmoins, la libéralisation a profondément modifié le métier : « Aujourd'hui en affrètement, national et international se confondent. »

Etre aussi fiable que La Poste. Ayant appris l'anglais tout seul, José Raillot s'est spécialisé dans le transport à destination de l'Irlande. Il s'occupe notamment de l'avitaillement des navires en panne au port de Rouen. « Les pièces de rechange sont disponibles en Grèce. Jusqu'à présent les capitaines les faisaient venir par voie de mer. J'ai organisé un transport routier qui leur permet de repartir plus rapidement. »

José Raillot occupe un poste de cadre, rémunéré 17 KF par an. Il passe 80 % de son temps au téléphone, gère et organise les transports pour des sociétés telles que Yves Rocher, fortement implanté en Irlande. « Le développement à la fois du cabotage et des prestations logistiques représente pour notre métier une véritable opportunité qu'il faut saisir. » Il traite en moyenne 750 dossiers par jour avec l'aide de ses deux collègues. Il faut appeler les clients, trouver des solutions pour les demandes express, négocier les remises de prix et assurer le suivi de la marchandise. Une dernière tâche essentielle aux yeux de José Raillot : « Nous sommes obligés de créer une dynamique vis-à-vis du client, car nous ne sommes pas propriétaire des véhicules. Seule notre parole compte, elle nous sert de caution. » Pour trouver les poids lourds à affréter, il utilise le système informatique EDI qui permet d'observer les flux, mais il possède également un carnet d'adresse bien rempli. Enfin, le réseau du groupe Schenker BTL lui permet de traiter l'ensemble de l'activité messagerie en Europe. « Un transporteur a des contraintes », explique José Raillot, « il organise ses déplacements en fonction de ses principaux clients. Nous travaillons donc avec plusieurs sous-traitants, des transporteurs qui ont toute notre confiance et qui respectent la réglementation ».

L'affréteur conseille également ses clients sur le choix du mode de transport : « Pour des petits volumes, je préconise la route. Certes, son coût est un peu plus élevé que le maritime, mais le destinataire récupère son colis à temps. En outre, je reste persuadé que le développement des plates-formes de groupage fera baisser les prix. » Son objectif : être un jour aussi fiable que La Poste. « Une lettre arrive chez son destinataire 24 heures après avoir été déposée dans la boîte, je voudrais parvenir au même résultat, en étant aussi fiable. »

Regarder vers l'Est. José Raillot a une carte routière européenne dans la tête. « Quinze à vingt camions partent chaque semaine d'Irlande, c'est une belle performance pour un si petit pays. Mais il ne faut pas se laisser bercer par quelques réussites, c'est pourquoi je garde l'oeil ouvert. » Aussi observe-t-il avec intérêt les pays de l'Est ou encore la Turquie. « Ces pays n'ont pas encore intégré l'Union européenne mais, c'est uniquement une question de temps. Je veux être prêt lorsque l'échéance se présentera. » Ainsi, il a déjà commencé à travailler à destination de la Turquie. « J'ai appris que Renault, à Rouen, acheminait chaque semaine des pièces vers ce pays. Dans le même temps, une entreprise régionale de confiserie se faisait livrer régulièrement des noisettes turques... » José Raillot a donc rationalisé ces transferts et mis en place des lignes régulières.

L'homme a plus d'une corde à son arc. Élu d'une commune de la région, dans quelques mois il se proposera comme conseiller à la sécurité au sein du groupe. « Avec cette formation, je prépare l'avenir. De nombreuses entreprises pétrolières et pharmaceutiques sont implantées aux environs de Rouen et ces marchés se développent. Il me paraît indispensable de pouvoir répondre à la demande en cas de besoin. » Passionné, José Raillot ne cesse de penser à son métier. Ainsi, ses dernières vacances à Monaco lui ont permis d'analyser l'état du transport sur place et d'étudier les flux. « Etre en permanence à l'affût de nouvelles opportunités permet d'éviter la sclérose. Je travaille depuis 18 ans dans le transport. Et j'espère que les 18 prochaines années seront aussi riches intellectuellement que les précédentes. »

Carrières du transport

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