Une hausse des coûts de revient de 4 % depuis le début de l'année. Soit cinq à sept fois supérieure à l'indice général de l'INSEE pour la même période. Tel est le chiffrage établi par le Comité national routier à la date du 1er octobre 1999. Principal facteur de cette dérive : un effet de cumul entre la flambée du prix du gazole (+17,8%) et la revalorisation des salaires des personnels de conduite à hauteur de 4,4 % en longue distance et de 6,8 % en régional (cf. les nouvelles grilles ci-contre). « Ces deux postes totalisent à eux seuls la moitié des charges des transporteurs routiers », rappelle le CNT. En 1998, la forte baisse du prix du carburant avait, en partie, compensé la hausse des autres indices et notamment le relèvement des rémunérations « grands routiers ». Mais le mécanisme ne s'est pas reproduit cette année. Résultat : la programmation - jusqu'en juillet 2000 - des revalorisations salariales joue les effets à retardement.
Effet mathématique. Dans un communiqué commun diffusé le 12 octobre, la FNTR, TLF et l'Unostra prennent acte de cette hausse « sans précédent » des coûts de revient. Les trois organisations professionnelles considèrent unanimement que « la marge des entreprises de transport est trop faible pour leur permettre d'absorber une telle dérive sans mettre en danger leur pérennité et la qualité de service dont bénéficie l'économie tout entière ». Au delà d'une rédaction laconique - fruit d'un compromis entre trois « sensibilités » - le constat peut surprendre. L'étape salariale du 1er octobre était en effet inscrite, et chiffrée pour les coefficients les plus hauts, dans l'accord du 7 novembre 1997 signé par les syndicats patronaux. Réponse de Christian Rose, secrétaire national de l'Unostra : « Que la revalorisation salariale soit imposée ou négociée au plan conventionnel, les faits sont là par un simple effet mathématique. Nous n'aurions bien sûr pas réagi sur la base de la seule hausse des rémunérations minima à laquelle nous nous sommes engagés. En revanche, la flambée du prix des carburants était, elle, imprévisible. C'est la conjugaison de ces deux facteurs qui provoque notre réaction. »
Négocier. Les organisations professionnelles entendent faire passer un double message. Aux transporteurs de se montrer vigilants à répercuter les surcoûts sur leurs clients. Aux chargeurs d'appréhender les conséquences d'un refus à négocier les conditions tarifaires avec leurs prestataires. « Les prix ont été discutés fin 1998 alors que le coût du carburant était au plus bas. La donne économique a changé. Avec des chiffres objectifs et incontestés, nous souhaitons fournir un argumentaire commun et solide aux transporteurs pour obtenir des négociations avancées pour l'an 2000 », souligne la Fédération nationale des transporteurs routiers. En revanche, les représentants n'en appellent pas à l'Etat en faveur d'un allégement de charges. « La question d'une déductibilité totale de la TIPP sur le gazole n'est pas actuellement à l'ordre du jour », indique la FNTR. Pour l'Unostra, Christian Rose reconnaît néanmoins que « le dispositif de ristourne partielle n'est pas figé. Il pourrait, pourquoi pas, évoluer dans le sens d'une remise plus élevée ou d'une extension des bénéficiaires ».
> Effet conjugué de la flambée du prix du gazole et la revalorisation des salaires au 1er octobre : une hausse des couts de revient de 4 % depuis le début de l'année.
> La FNTR, TLF et l'Unostra estiment que « la marge des entreprises de transport est trop faible pour leur permettre d'absorber une telle dérive ».
> En fournissant aux transporteurs des chiffres « incontestés et objectifs », les organisations professionnelles souhaitent leur donner un argumentaire commun et solide pour négocier avec les chargeurs.
> Prix du carburant: la progression est de 17,1% à la pompe et de 18,5% en citerne soit une moyenne arithmétique de 17,8% ;
> Coût de personnel de conduite: la hausse correspond à la revalorisation salariale du 1er octobre 1999 (4,4% en longue distance et 6,8% en régional) ;
> Autres charges directes et charges indirectes d'exploitation: les 0,2% de hausse - un niveau inférieur à celui de la tendance générale des prix - résultent d'une part de l'augmentation des péages et des frais de déplacement des conducteurs; d'autre part de la baisse du coût du financement.
La pondération correspond à la part de chaque catégorie de charges dans le prix de revient. Elle est indiquée sous forme de fourchette. Les incidences de chaque catégorie de charges sur les prix de revient sont données en haut et bas de fourchette.
Source : Comité national routier