Risque d'explosion sociale, dégradation des conditions de travail des conducteurs, aggravation de l'insécurité routière, mise en péril du pavillon français, concurrence déloyale... Début octobre, tous les arguments, toutes les mises en garde sont passées par la porte ou la fenêtre des radios et autres télévisions, de la part de la quasi-totalité des représentants professionnels, syndicaux ou politiques du transport routier de marchandises français. Objectif : dénoncer un projet européen de directive prévoyant l'assouplissement des règles d'interdiction de circuler pour les poids lourds. Avancée par les pays du Nord de l'Europe (Scandinavie, Benelux, Grande-Bretagne), cette idée n'a pourtant aucune chance d'aboutir puisque, entre autres membres de l'Union Européenne, la France et l'Allemagne y sont opposées. Les positions sont connues de longue date. Cela n'a pas empêché ministre et syndicats, avec la complicité passive de certaines organisations professionnelles, de laisser entendre qu'il y avait là un danger de libéralisation outrancière. Au passage chacun a pu diaboliser les hordes de camions bataves, saxonnes ou vikings. Et, encore une fois, la profession aura manqué un débat. Mais, ce n'est pas le plus grave. L'image du transport routier a, en effet, souffert une fois de plus. Comportement économique sauvage, pratiques sociales dégradantes, effets négatifs sur l'environnement : les media ont ressorti des placards les grands classiques. Télés et radios sont même allées jusqu'à retrouver l'inénarrable Tarzan, une des figures médiatiques des premiers grands barrages routiers du « progrès social ». Au point où on en est, on ne serait plus vraiment surpris de voir réapparaître ce personnage à la tribune d'un congrès FNTR, pour mieux dénoncer les pratiques de Willi Betz !
Editorial
