« En 1998, notre bénéfice net était de 15 millions de francs et notre résultat d'exploitation très déficitaire . Cette année, notre résultat net atteindra de 23 à 25 millions de francs avec un léger déficit d'exploitation. L'année prochaine, nos comptes seront à nouveau dans le noir », annonce François Grimaud. Le chiffre d'affaires du groupe qui atteignait 796 MF en 1998 restera stable cette année. A ces évolutions, le directeur général de l'entreprise apporte une explication : « En 1997, après la vente de Stock Inter, nous avons décidé d'investir dans un projet de développement et sommes entrés en discussion avec Sernadis. » Faute de s'entendre immédiatement sur la structure de leur rapprochement, les deux groupes ont entamé et achevé un outil informatique commun de suivi des envois. « Ce qui nous a permis d'en diviser le coût par deux. » Pour le reste, « pendant l'année qu'ont duré nos discussions, toutes les décisions de l'entreprise ont été suspendues à ce projet au niveau commercial, marketing et production... Ce qui n'a pas manqué de se répercuter sur les comptes d'exploitation », explique François Grimaud qui, en mars dernier, a définitivement et officiellement mis fin aux négociations avec Sernadis. « Maintenant, on travaille seul quitte à conclure des accords techniques à droite, à gauche quand c'est nécessaire », annonce le directeur général de Grimaud, qui compte 35 agences en France.
Si le chiffre d'affaires reste stable, c'est par choix. « Quel intérêt de passer le cap du milliard sans rentabiliser la hausse d'activité ? ». Équipée d'un logiciel de croisements de données, l'entreprise peut désormais rationaliser au plus juste ses choix commerciaux, tarifaires, opérationnels... Une politique qui s'avère déjà payante puisque « Grimaud voit ses parts de marché remonter en cette fin d'année ». Ceci dans une conjoncture favorable avec une demande importante et des prix « tenus ». Si ceux-ci sont en hausse, c'est « parce que le poids moyen de nos expéditions a augmenté ». Celui-ci s'élève à 60-63 kg toutes activités confondues. Le développement attendu de « Night Express 18 heures » (livraison jour B avant 18 heures), lancé en mars dernier, devrait encore accentuer cette évolution. Ce produit qui offre « le service 1re classe » de l'express (NightExpress 13 heures) au niveau de la remontée d'informations, touche en effet des expéditions d'un poids moyen de 70 kg donc plus proche de la messagerie traditionnelle (95 kg de poids moyen). « Le 18 heures » qui grignote un peu du chiffre d'affaires messagerie (300 MF) devrait entamer plus sérieusement celui de l'express (200 MF). Une manière pour l'entreprise de s'éloigner des créneaux prisés par les nouveaux grands groupes arrivés sur le marché de la messagerie européenne. « On sait qu'on va perdre des parts sur le 0 à 30 kg », avoue François Grimaud qui entend jouer la carte de la différence. Alors que ces grands standardisent leur offre, le messager des Deux-Sèvres veut adapter la sienne aux clients. « Les entreprises de notre dimension peuvent vraiment apporter le service de proximité qu'attendent les grosses pme, c'est-à-dire coeur de clientèle », souligne Gérard Negroni, directeur commercial de Grimaud, qui se félicite de disposer d'un autre atout : « Notre groupe est le dernier messager national avec un capital familial fermé. Cela plaît aux chargeurs ».
EuroExpress, le réseau européen de messagerie dont Grimaud est le partenaire français, a perdu son correspondant au Benelux Van Gend & Loos, filiale de Nedlloyd repris par Deutsche Post/Danzas. Celui-ci a été remplacé par Wegtransport. Les autres membres du réseau restent les mêmes soit : GDSK en Allemagne, Geb. Weiss en Autriche, Hongrie et République tchèque, Haugsted au Danemark, Nordisk en Norvège, Finlande et Suède, Azkar en Espagne, Bartolini en Italie, Jacky Maeder en Suisse et Lynx en Grande-Bretagne et en Irlande. EuroExpress génère 30 des 110 millions de francs de chiffre d'affaires international que réalise Grimaud.