Des préfets qui s'affolent, prenant précipitamment des arrêtés de rationnement de carburants. Des forces de l'ordre qui interviennent manu militari pour débloquer quatre dépôts pétroliers près de Marseille. Une préfecture du Rhône qui organise, en toute hâte, une réunion pour lever des barrages, dont certains sont édifiés dans le Var et les Alpes-Maritimes. Un ministre qui convoque « dans les toutes prochaines semaines » une table ronde nationale sur le transport de matières dangereuses. La pychose de la pénurie de carburant a précipité l'intervention des pouvoirs publics dans un conflit privé. A savoir un différend d'ordre salarial entre les conducteurs grévistes de deux entreprises de transport et leurs directions. Une fois encore, face aux files d'attente d'automobilistes inquiets, les pouvoirs publics n'ont guère balancé. L'analyse sera pour demain. « S'il s'agit de conflits privés, ils doivent se régler par la négociation au sein des entreprises concernées. S'ils ont trait à la qualification des emplois, ils relèvent de la commission nationale d'interprétation et de conciliation qui est d'ailleurs présidée par un représentant de l'Administration », indiquait, à Paris, Hubert du Mesnil, directeur des transports terrestres. A Lyon, la CFDT-transports faisait, elle, état d'engagements oraux sur une reconnaissance du métier de conducteur « citernier ». A la commission paritaire donc de se débrouiller de ces contradictions. Pressée par la nécessité de battre le fer tant qu'il est chaud, la CFDT a, elle aussi, manqué de temps pour élaborer une réelle stratégie. L'embrasement escompté autour d'un prétendu malaise social ne s'est pas produit. Sommés de mettre fin à leur mouvement de blocage sans réelles garanties, ce sont finalement les grévistes de Mis Soraldis et de la Citaix qui ont perdu la main.
Editorial