Une campagne sucrière au goût amer

Article réservé aux abonnés

Une augmentation des tarifs de 2 %. C'est ce qu'ont obtenu, après négociation, les transporteurs qui ont démarré la campagne de betteraves pour l'usine sucrière d'Ecaudoeuvres, près de Cambrai. « Nous sommes satisfaits dans la mesure où le groupe Beghin Say, propriétaire de l'usine, veut imposer aux transporteurs une baisse généralisée de 2 % au plan national », explique Ludovic Rempteaux, secrétaire général de l'Unostra Nord qui a mené les négociations à Ecaudoeuvres, appuyé par Jean-Paul Sénéchal, délégué départemental de la FNTR Nord. Satisfaction plus nuancée du côté de Didier Boutelier, gérant des Transports Boutelier d'Avesnes-les-Aubert (59). « Cette augmentation de 2 % reste insuffisante au regard des 50 centimes de hausse du gazole depuis le début de l'année et des coûts sociaux qui ne cessent de progresser. L'activité n'est plus aussi lucrative qu'avant. L'année prochaine, on se passera de fournir des véhicules à Ecaudoeuvres si on doit rouler en perdant de l'argent », prévient Didier Boutelier. Amertume partagée en Picardie : les transporteurs ont obtenu, auprès de la sucrerie de Roye (80), une revalorisation de leurs tarifs de 2 %. « Mais il ne faut pas oublier que les tarifs n'ont cessé de diminuer depuis dix ans », constate Sébastien Bouchindhomme, secrétaire général de la FNTR Picardie. La rémunération de l'activité serait passée, selon l'organisation professionnelle, de 8,02 F au kilomètre en 1992 à 6,23 F aujourd'hui. Sans compter que l'usine de Roye vient d'aligner le prix des prestations de nuit et de week-end sur celui de la semaine. « C'est donner d'un côté pour reprendre de l'autre », déplore Sébastien Bouchindhomme.

Désunion à Pont-d'Ardres. En revanche, à Pont-d'Ardre dans le Pas-de-Calais, usine appartenant également au groupe Beghin Say, les transporteurs ne sont pas parvenus à se mobiliser pour faire échec à la baisse imposée par le sucrier. « Notre rémunération a diminué de 2,94 % sur cette campagne », indique, amer, David Sagnard, adjoint de direction des Transports Carpentier (35,27 millions de francs de chiffre d'affaires en 1998) de Calais. « Mais, elle représente 2 000 t transportées chaque jour et un chiffre d'affaires de trois millions de francs. Et devant la désunion générale, nous ne souhaitions pas être la seule entreprise à taper du poing sur la table et être écartée du marché. »

Actuellement des discussions se poursuivent dans les quinze sucreries que compte la région picarde - plus du tiers du parc industriel sucrier. Les transporteurs épaulés par la FNTR tentent d'obtenir des réévaluations de tarifs, comme à Chevrières (Oise) et à Origny-Sainte-Benoîte (Aisne). Des négociations se poursuivent également en Champagne-Ardennes et dans la région Centre où la campagne sucrière doit débuter dans deux semaines. « Les sucreries n'obtiendront pas, cette année, autant de véhicules qu'elles le désirent. Les transporteurs se désintéressent progressivement de cette campagne de betteraves qui ne leur rapportent plus autant qu'avant et privilégient leurs clients réguliers », affirme Sébastien Bouchindhomme. En outre, de nombreuses interrogations subsistent puisqu'un préavis de grève nationale a été déposé par les salariés de Beghin Say (propriétaire de 35 % des sucreries françaises). Les transporteurs souhaitant être indemnisés pour cette journée d'inactivité forcée. A suivre.

Actualité

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15