Quelle mouche a piqué Daf ? Serait-ce la pression de son propriétaire américain, l'assembleur de camions Paccar, ou bien l'euphorie du marché européen du poids lourd ? Toujours est-il que le constructeur néerlandais a décidé de « griller » tous ses confrères en commercialisant dès le mois d'octobre une option Euro3 sur l'ensemble des moteurs de sa gamme lourde, du 280 ch au 530 ch. Or, les textes européens ne rendent obligatoire la nouvelle norme de dépollution des moteurs qu'à partir d'octobre 2001. Tous les constructeurs s'y préparent, en concertation avec les institutions européennes. La plupart ont déjà dévoilé les techniques qu'ils mettront en oeuvre pour satisfaire à cette nouvelle obligation, mais sans plus. Toujours soucieux de marquer sa différence, en bon « challenger », le constructeur néerlandais réalise donc un « coup » médiatique. Sans doute espère-t-il aussi rentabiliser « à la marge » les investissements (coûteux mais classés « top secret ») nécessaires au passage d'Euro2 à Euro3. Filiale d'un groupe qui se targue d'avoir toujours été bénéficiaire, Daf pourra, en effet, d'autant mieux vendre (pour l'équivalent de 20 000 F) l'option Euro3 qu'il est seul sur le marché à la proposer et que certains pays européens, dont les Pays-Bas, ne sont pas avares d'aides ou de subventions à tout ce qui peut améliorer la protection de l'environnement. Ni l'Italie ni la France ne rentrent dans cette logique. Côté français, il n'est pas question d'homologuer des moteurs à partir d'une norme, certes connue avec quasi-certitude, mais qui n'est toujours pas validée par les instances européennes. Une position juridiquement correcte, mais écologiquement discutable, d'autant que rien n'empêche les véhicules étrangers de rouler « Euro3 » sur le territoire français.
Editorial