Instaurer un péage sur toutes les voies à chaussées séparées des quinze pays membres de l'Union Européenne. C'est une des propositions transmises au Parlement européen par Loyola de Palacio, future commissaire européenne aux Transports et vice-présidente de la commission européenne, chargée des relations avec ledit Parlement. Cette prise de position serait fondée sur la nécessité de faire payer aux usagers et non plus aux contribuables les inconvénients de santé publique et les nuisances environnementales que causerait le trafic routier en Europe. Elle provoque évidemment des réactions d'opposition. Une levée de boucliers qui est loin d'être à la mesure, très démagogique, de cette déclaration. Les pouvoirs du Parlement, ou même de la Commission en matière de fiscalité restent en effet très symboliques. D'ailleurs, alors qu'elle peine à réaliser son harmonisation fiscale, on voit mal l'Europe imposer à ses Etats-membres une nouvelle et uniforme taxation sur les infrastructures. Au prix de quelques réactions d'un inexistant lobby routier européen, Loyola de Palacio réussit en revanche à se faire connaître, tout en se ménageant déjà la bienveillance du lobby environnementaliste, qui, lui, est bel et bien représenté au Parlement de Strasbourg. A quelques encablures d'une présidence européenne qui sera assurée par la France en juillet, elle se met aussi en phase avec le ministre français des Transports, défenseur acharné du mode ferroviaire. Peut-être oubliera-t-elle, contrairement à Jean-Claude Gayssot, de chausser ses lunettes à éclipse, pour étudier avec attention des dossiers tels que l'harmonisation sociale et fiscale dans le transport routier, ou encore les modes de financement douteux des entreprises publiques qui font actuellement main basse sur le secteur européen de la messagerie.
Editorial