Tandis que la Deutsche Post cuve ses derniers mois d'orgie sur le marché de la messagerie européenne, ceux qui ont échappé à ses appétits se séparent ou se regroupent. Des mouvements qui bouleversent complètement le jeu des alliances encore en place. Dernier avatar en date : l'union de Dubois et d'ABX/SNCB. Ce rapprochement fait voler voler en éclat le TEAM comme E1. Il gonflera encore le flux de dommages et intérêts, pour rupture d'accord, entre messagers dans les prochaines années. Et accélère les divorces d'entreprises unies malgré elles : celui du nouveau groupe privé Mory et de la compagnie ferroviaire belge SNCB, arrivée dans TEAM en reprenant THL/Bahntrans; celui de Dubois et de DFDS qui a intégré E1 en fusionnant avec Dan Transport. Mais il favorise aussi de nouvelles rencontres : Mory (comme DFDS) s'est, en quelques jours, fait de nouveaux correspondants qu'il a la satisfaction d'avoir choisi. Et dont le messager français se félicite qu'ils soient des «partenaires privés» partageant une «même philosophie du service» et une même devise: «it's good to be big, it's better to be good» («c'est bon d'être gros, c'est meilleur d'être bon»).
Moins jubilatoire, Dubois - dont le pdg et le vice-président se sont absentés juste après l'annonce de l'accord avec ABX/SNCB - se contente d'expliquer que ce choix «correspond à la volonté de poursuivre la construction d'un réseau intégré à l'échelle européenne avec des partenaires leaders sur leur marché, au travers d'une alliance stratégique industrielle et commerciale». Le messager lillois admet aussi envisager une entrée dans son capital de son nouveau partenaire belge. Lequel ne demande apparemment pas mieux... Qui a dit que les mariages de raison n'étaient pas heureux? Encore faut-il qu'ils se concrétisent rapidement. Car, «la poussière soulevée par le remue-ménage des postes n'a pas fini de retomber», rappelle Alain Bréau, pdg de Mory.