Fin juillet, Gefco a racheté le messager allemand KN Elan. Une entreprise qui pèse deux milliards de francs de chiffre d'affaires, qui vient de redevenir bénéficiaire et qui était jusqu'alors filiale du géant suisse du transport multimodal Kühne et Nagel. L'acheteur et le vendeur prévoient de développer leurs relations sous la forme d'une alliance. Aux termes de celle-ci, Gefco prendra progressivement le contrôle de toutes les activités européennes de messagerie du groupe suisse. Ce dernier s'engage pour sa part à ouvrir son réseau mondial de transport à l'entreprise française. A terme, les deux alliés géreront peut-être en commun des contrats de logistique européenne. En annonçant ces projets, Gefco rompt avec des années de paisible croissance interne européenne, assurée à l'ombre de sa maison-mère et principale cliente Peugeot SA. Nommé au printemps dernier, le nouveau P-dg de Gefco, Louis Defline, semble avoir convaincu ses actionnaires de lui accorder un peu plus d'autonomie. Juste assez en tout cas pour se joindre au grand ballet européen des rachats, inauguré en décembre 1998, lorsque la Deutsche Post a repris le français Ducros Services Rapides, avant le suisse Danzas, puis le néerlandais Nedlloyd et bientôt le suédois ASG. La très sage (et riche) Gefco saura-t-elle profiter de sa récente émancipation? Son entrée en scène semble en tout cas accréditer la théorie d'un nécessaire axe de développement franco-allemand sur le marché européen de la messagerie. Fondée sur les importants échanges économiques entre les deux pays, cette tendance très "fin de siècle" a également séduit cette année l'allemand Dachser, acheteur de Graveleau, ainsi que La Poste, qui poursuit toujours de ses assiduités les cousins germains du DPD. Mory lui-même, à peine libéré de la tutelle du CDR, va devoir trouver rapidement un nouveau partenaire en Allemagne puisque le belge SNCB/ABX, propriétaire de THL/Bahntrans, vient de passer un accord de coopération avec Dubois.
Editorial