Volvo devrait dans quelques jours devenir le «numéro un» européen des constructeurs de poids lourds et le deuxième dans le monde. Le groupe de Göteborg a annoncé le 6 août dernier avoir conclu un accord avec Investor, l'actionnaire de référence de Scania en vue de lui racheter sa participation. L'accord prévoit qu'Investor reçoive une rémunération de 315 couronnes (230,3 francs) par action pour 60 % du capital de Scania qu'elle détient. C'est-à-dire près de 30 % de plus que le cours actuel des actions Scania. Le solde de 40 % pourra être, selon les souhaits d'Investor, rémunéré sur le même principe ou en actions Volvo à raison de six titres Volvo contre cinq Scania. Une offre qui a finalement eu raison de l'hostilité d'Investor et des dirigeants de Scania à l'égard d'un rapprochement entre les deux constructeurs suédois. Mais l'opération reste toutefois soumise à l'approbation de la Commission européenne dont la décision est attendue pour la seconde quinzaine de septembre. Volvo prévoit ensuite de lancer une offre publique sur les actions restantes. Les porteurs de titres Scania pourront ainsi être rémunérés soit directement, soit sous forme de titres Volvo selon les modalités déjà exprimées. Le groupe de Göteborg détient aujourd'hui 40,8 % des parts de la marque au griffon, c'est-à-dire 28,1 % des droits de vote.
Au total, l'acquisition de Scania devrait coûter à Volvo 60,7 milliards de couronnes suédoises (45,4 milliards de francs). La vente de sa division automobile à Ford au printemps dernier lui avait ramené 50 milliards de couronnes (37,4 milliards de francs). Ce mariage a, en tout cas, reçu l'aval immédiat des autorités suédoises qui redoutaient que Scania ne tombe dans l'escarcelle d'un constructeur étranger, notamment Volkswagen. L'Allemand ne cachait pas, depuis plusieurs semaines, son intérêt pour le constructeur de Södertälje.
Leif Johannson, le pdg de Volvo, estime que ce rapprochement devrait permettre d'économiser - à trois ans - près de 5 milliards de couronnes (3,75 milliards de francs) en achats de système et de composants. D'autres avantages sont attendus en matière de recherche et développement, dans la conception des moteurs notamment. Les complémentarités technologiques devraient toutefois être limitées dans la mesure où Volvo, comme Scania, est spécialisé dans les poids lourds de plus de 16 tonnes. Situation identique du point de vue géographique puisque les deux constructeurs sont tous deux solidement implantés en Europe du Nord et en Amérique du Sud. Sur le marché français, Volvo s'est emparé en 1998 de la troisième place avec 12,7 % de pénétration derrière Renault VI et Mercedes. Scania France détient pour sa part 9,3 % du segment des tracteurs lourds. Volvo a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires total de 212,9 milliards de couronnes (159 milliards de francs) et a produit 83 280 poids lourds. Scania, de son côté, a généré un chiffre d'affaires de 45,3 milliards de couronnes (33,88 milliards de francs) pour une production de 45 550 poids lourds.