Peu solidaires, individualistes, craintifs, vélléitaires les transporteurs routiers français ? C'est ce que laissent entendre les différents acteurs de la politique en faveur du regroupement d'entreprises, lancée fin 1995, avec à la clé une enveloppe de 165 millions de francs d'aides, dont 15 millions seulement ont été libérés pour faciliter le rapprochement de 65 entreprises. Leur discours tente d'expliquer un échec. Est-ce celui des regroupements ou celui d'une politique maladroite? Depuis quatre ans, ministère et organismes professionnels de toutes sortes n'ont pas manqué de faire valoir l'intérêt de cette politique. Mais, leurs actions ou leurs discours n'ont jamais été communs. Ils ont même parfois été antagonistes. Unicooptrans, fédération des coopératives et groupements du transport, ne parvient pas elle-même à atteindre pleinement ses objectifs. Peut-être s'attache-t-elle trop, pour satisfaire ses adhérents, à défendre le statut coopératif, héritage précieux mais un peu obsolète de l'économie dirigée des Trente glorieuses? Après tout, les entreprises modernes ont-elles vraiment besoin de l'aide de l'Etat ou d'autres organismes pour défendre leurs intérêts économiques? Elles ont plutôt appris à s'en passer tant celle-ci est aléatoire. Les plus récents et les plus connus des regroupements de transporteurs sont nés et se sont développés par simple réaction à l'évolution du marché. C'est le cas de Astre, de France Lots Organisation, de France Bennes, de France Etoile, de France Rapide, de plusieurs associations de déménageurs et d'autres encore.
Editorial