Cinq contrôles en entreprise en un an et demi, des flexibles de freins sectionnés sur des véhicules à Valence ou à Bordeaux... Ce ne sont là que quelques-uns des désagréments qu'ont affronté récemment le groupe allemand Willi Betz et ses conducteurs dans l'Hexagone.
Qu'elles passent par l'administration ou par des casseurs non identifiés, ces « punitions » visent sans doute à déstabiliser, faute de pouvoir la sanctionner, une entreprise étrangère présumée coupable. Son crime : livrer une concurrence déloyale à l'international voire en national en pratiquant des tarifs particulièrement bas. Les indices : c'est un géant (4 000 véhicules moteurs) et la plupart de ses conducteurs est originaire des pays de l'Est. Les circonstances aggravantes : il est Allemand, ses véhicules sont facilement identifiables, mais l'entreprise est discrète.
Pour sa défense, Ulrich Börnstein, gérant de Willi Betz France, admet « prendre trois ou quatre lots par semaine en national pour ne pas rouler à vide entre deux chargements » en répétant que les trafics intérieurs ne relèvent pas de la vocation du groupe.
Sur le terrain international, Willi Betz reconnaît être en quête de gros clients en Europe de l'Ouest. Comme tous les transporteurs du monde, il assure que le prix ne constitue pas son argument commercial décisif. Son offre est basée sur un système d'exploitation original optimisant l'utilisation des véhicules en Europe. Certes, son organisation repose aussi sur la souplesse sociale des 4 000 conducteurs bulgares qu'il a repris avec la Somat en 1994. Mais, peut-on décemment reprocher à ce groupe familial, condamné à la rentabilité comme toute entreprise privée, de jouer avec les cartes qu'il a en mains? D'autant qu'il est loin de disposer d'autant d'atouts que les entreprises publiques qui déstabilisent depuis quelques mois le marché européen du transport.