« Le tunnel du Fréjus semble présenter toutes les conditions de sécurité nécessaires pour absorber l'augmentation du trafic depuis la catastrophe du Mont-Blanc. Le système de régulation ne se justifie donc pas », assure René Petit, président de la FNTR. « Au contraire, nous estimons que la situation est en train de se dégrader et de s'aggraver. Les attentes et les engorgements liés à la rétention des poids lourds engendrent la colère des chauffeurs et des riverains ». C'est pour se rendre compte « de visu » de la situation et rencontrer les interlocuteurs locaux - le préfet de Savoie, la direction de la Société française du tunnel routier du Fréjus et une association de riverains - que les instances parisiennes de la FNTR, de l'Unostra et de TLF se sont rendues au tunnel, le 8 juin dernier. Cette venue coïncidait (volontairement ou non ?) avec une réunion de négociations, prévue à la Direction régionale de l'Equipement de Rhône-Alpes. Des discussions boycottées par les délégations régionales des trois organisations professionnelles depuis l'annonce par le ministre des Transports de son projet d'augmenter de 50 % le prix des péages alpins. « Une telle décision ne pourra être acceptée par la profession », ont réaffirmé les représentants nationaux. « Rien ne justifie cette surtaxation, si ce n'est rendre le franchissement des Alpes encore plus difficile économiquement. Il est illusoire de croire que cette mesure permettra de transférer une partie du trafic routier sur le fer. Ce dernier n'a pas actuellement la capacité d'absorber une grande partie des marchandises que nous transportons », indiquait le président de la FNTR. « Nous sommes d'accord pour que ce mode de transport soit valorisé, mais nous refusons qu'il le soit au détriment du transport routier, lequel est systématiquement matraqué et pénalisé ». Souhaitant que des solutions puissent être apportées par la voie de la négociation, René Petit et Jean-Louis Amato ont sollicité une entrevue avec le ministre des Transports afin de lui soumettre leurs propositions. Ils suggèrent notamment s'instaurer un système de modulation tarifaire en fonction des heures de passage.
Assouplir la régulation. Au Fréjus, le gouvernement doit accepter d'assouplir les mesures inutiles qu'il a imposées. «Si, comme nous le demandons, le nombre de poids lourds passe de 140 à 160 voire à 170 par heure - le tunnel est capable d'en absorber deux cents - le système de régulation ne sera plus nécessaire», indiquait le délégué général de la FNTR, Jean-Paul Deneuville. « De même, la construction d'un parking de stockage des poids lourds ne se justifiera plus ». En effet, afin d'améliorer les conditions d'attente des chauffeurs - actuellement bloqués sur l'autoroute de la Maurienne à hauteur du péage de Saint-Michel - la SFTRF construit actuellement un parking à Aiton pour un coût de 25 MF. Situé à 70 kilomètres en amont du tunnel, il sera équipé de sanitaires et de restaurants. Plutôt que de patienter sur l'A43, les chauffeurs seraient déroutés à partir du 14 juillet prochain sur cette aire de repos avant de recevoir l'autorisation de franchir les Alpes. Une « pseudo solution » contre laquelle s'insurgent les organisations professionnelles : « L'accepter, c'est justifier une nécessaire attente et créer un précédent dans le franchissement de tous les obstacles naturels. » Selon elles, ce système de régulation sera particulièrement difficile à mettre en oeuvre. « Comment et en fonction de quels critères, les autorités vont-elles déclencher le détournement des véhicules vers ce parking ? », s'interrogeaient les présidents. « S'il est naturel d'attendre à l'entrée du tunnel de la Manche, il n'est pas normal de demander à un chauffeur de s'arrêter à 70 kilomètres d'un ouvrage permettant le franchissement des Alpes. Nous sommes d'accord pour un centre routier soit construit à Aiton, mais refusons l'obligation d'y stationner ».
> Les présidents nationaux des organisations professionnelles suggèrent de porter à 160 le nombre de poids lourds par heure au Fréjus ou de mettre en place une régulation journalière.
> Plutôt que d'augmenter de 50 % le prix du péage au Fréjus, les représentants professionnels préconisent un système de modulation tarifaire en fonction des heures de passage.
> Les organisations professionnelles s'opposent au transit obligatoire des véhicules par la future aire d'Aiton. En cours de construction pour un coût de 25 MF, celle-ci devrait être opérationnelle au 14 juillet prochain.