« Les poids lourds compromettent la tranquillité et la sécurité publique ainsi que la mise en valeur esthétique et touristique de la commune [...]. Leur circulation nocturne constitue une nuisance qui excède de manière excessive les charges susceptibles d'être tolérée par les riverains. » Le 3 juin dernier à Briançon, une quarantaine de maires de la vallée de la Durance ont déterré la hache de guerre à l'encontre du trafic utilitaire. Traversées par les nationales 91, 94 et 85 et départementales 942 et 900 B, ces communes des Hautes-Alpes menacent de limiter de concert la circulation des poids lourds sur leur territoire si les pouvoirs publics n'y pourvoyaient pas réglementairement. Un ultimatum qui vise également à arracher des crédits affectés à la modernisation de leur réseau routier. Adoptant l'adage selon lequel « on n'est jamais mieux servi que par soi-même », ces vaillants édiles n'ont pas lésiné sur les moyens pour appuyer leurs revendications. En témoigne le projet d'arrêté-type concocté par leurs soins : en période estivale, la traversée des agglomérations serait interdite aux véhicules de plus de 12 t pendant... 17 heures sur 24. Trois plages, de deux à trois heures au maximum, leur seraient généreusement allouées pour ravitailler la population. Hors saison touristique, la réglementation envisagée dépasse tout entendement. Aux transporteurs de jongler, pour effectuer leurs livraisons, entre cinq tranches horaires interdites de poids lourds !
Ces dispositions absurdes nécessitent, pour entrer en vigueur, l'aval préfectoral. Lequel portera, conformément aux règles du droit, sur la légalité des arrêtés municipaux et non sur leur opportunité. Les autorités locales accorderont-elles leur bénédiction à cette « opération commando » en délivrant leur autorisation ? Interrogés le 4 juin, les services de la préfecture ne pipent mot.