Créer en six mois, sous les couleurs de « L'Européenne de Transport », un groupe générant près d'un milliard de francs de chiffre d'affaires en transport routier de lots, demi-lots et de messagerie, puis doubler en un an cette activité et enfin entrer en Bourse en 2002... C'est l'impossible challenge que s'est fixé Lionel Prime, au fil d'ambitieuses déclarations dans les colonnes de nos confrères de la presse « grand public » à la fin du mois de mai. Présenté notamment par les Echos comme un jeune chef d'entreprise travaillant « depuis une dizaine d'années dans le transport », cet inconnu se targue du soutien d'un capital-risqueur britannique, d'un célèbre cabinet de consultants et d'une prétendue filiation avec un « ex-transporteur du Bordelais », dont il refuse de révéler l'identité. D'ailleurs, l'homme n'est joignable qu'au téléphone portable et fait preuve d'une discrétion qui n'a d'équivalent que sa précipitation. Fort, soi-disant, d'une capacité d'investissement de 113 millions de francs, il négocierait déjà l'acquisition d'au moins 200 tracteurs auprès de deux constructeurs de véhicules industriels. Il affirme aussi détenir en portefeuille lettres d'intention ou promesses de vente d'une dizaine de pme françaises et européennes. En fait, seuls quelques premiers contacts semblent avoir été établis. « L'Européenne de Transport » n'existe pas officiellement. Ses soutiens financiers sont loin d'être avérés. Bref, il n'y a pas de quoi crier au groupe. D'autant que l'histoire récente de la profession est riche d'autres Lionel Prime, qui, croyant avoir découvert un Eldorado du transport, ont disparu dans les gouffres financiers qu'ils avaient creusés. N'est pas Norbert Dentressangle qui veut.
Editorial