Le tollé des transporteurs

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C'est non. « Pas question de faire supporter au seul transport routier, par le biais d'une augmentation des péages, un hypothétique développement du transport ferroviaire ».

A l'instar de l'Association française des transporteurs routiers internationaux, l'ensemble des organisations professionnelles du transport routier dénonce le projet non concerté des pouvoirs publics de relever substantiellement le tarif des péages alpins (tunnels et autoroutes) afin de favoriser le développement du fer dans cette région. « La Suisse a refusé officiellement une augmentation des autorisations de transit pour les véhicules de 40 t afin de permettre le franchissement des Alpes. Cela ne suffisait pas : le couperet français tombe lui aussi », dénonce ainsi l'AFTRI. « Les pressions exercées par les écologistes et la volonté politique clairement affirmée de transfert au profit du rail font aujourd'hui de la tragédie du Mont-Blanc un prétexte pour asséner à la route des nouveaux coups », observe de son côté la FNTR. Aux yeux de l'Unostra, le relèvement des péages constituerait une mesure doublement injuste puisque « le rail est déjà largement subventionné par l'impôt : plus de 60 milliards soit plus de 300 000 F par an et par emploi » alors que « la route est déjà très handicapée par la fermeture du Mont-Blanc et doit subir des surcoûts dus au détournement par le Fréjus évalués entre 10 % et 15 % selon les cas par une étude du Comité national routier ».

Au delà de l'inégalité de traitement qu'elle génèrerait, les professionnels arguent également de l'inutilité de cette taxation supplémentaire. « On ne sauvera pas le fer, qui cumule déficits, dysfonctionnements et conflits sociaux, avec le relèvement de la fiscalité générale et spécifique », affirme l'Unostra. « Le développement ferroviaire est surtout handicapé par les grèves à répétition, témoins les résultats du trafic SNCF à fin mai, qui affichent -9 % alors que la route progresse ». TLF poursuit le même raisonnement estimant que « ce n'est certainement pas en rendant le transport routier plus cher qu'on rendra le transport ferroviaire meilleur ». Cette fédération s'étonne, par ailleurs, que la manne ainsi récoltée puisse contribuer au financement des travaux de sécurité au Mont-Blanc : « On semble oublier que l'ATMB - la société gestionnaire du tunnel - a engrangé pendant des années, grâce aux routiers, de confortables bénéfices qui auraient dû et devraient permettre d'engager les investissements nécessaires. »

Pour la FNTR, la taxation constitue « une fausse réponse » au problème posé : comment réguler les trafics nord-sud alors qu'il n'existe à ce jour aucune solution alternative ? Selon elle, démonstration en est faite « puisqu'à trafic égal, la circulation dans le sens Italie-France ne pose aucun problème ».

Anticipant la réaction des transporteurs en cas de maintien du projet, l'Unostra met en garde le ministre des Transports, dans un courrier du 27 mai dernier, contre les violentes réactions que susciteraient des mesures fiscales « brutales et non concertées ». Une audience lui a été demandée par l'organisation professionnelle. La même requête a également été formulée par les fédérations de Rhône-Alpes.

Face à un tel tollé, Jean-Claude Gayssot a eu depuis l'occasion de tempérer son discours, auprès de l'AFTRI, à laquelle il a précisé que « le transport routier n'était pas à l'origine de la catastrophe du Mont-Blanc et que les mesures qu'il avait l'intention de prendre ne s'inscrivaient pas dans une volonté autoritaire de transfert modal, mais dans un souci de sécurité du trafic ». Une phrase qu'on aimerait entendre prononcer en direct au journal télévisé de vingt heures...

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