L'Autriche accuse le coup après l'incendie qui s'est déclaré, le 29 mai dernier, dans le tunnel des Tauern sur l'autoroute A 10 faisant au moins neuf morts et une soixantaine de blessés. Le carambolage d'une voiture par un poids lourd transportant de la peinture serait à l'origine du sinistre survenu vers 5 heures du matin dans l'infrastructure, longue de 6 kilomètres, située à une soixantaine de kilomètres au sud de Salzbourg. En raison de la fumée et des risques d'effondrement d'une partie de la paroi de béton sous l'effet de la chaleur dégagée par l'embrasement des véhicules, plus de 12 heures ont été nécessaires aux pompiers pour circonscrire l'incendie.
Environ 16 000 véhicules empruntent quotidiennement cet ouvrage à galerie unique et jusqu'à 40 000 en période estivale, selon le directeur de la société OFAG, gestionnaire de l'autoroute A 10. Le 1er juin, la construction d'une deuxième galerie dans le tunnel a été décidée par les autorités autichiennes. Toutefois, elle ne devrait pas débuter avant 2001-2002 et les travaux exigeront quatre années au minimum. Demandé depuis plusieurs années, le doublement de l'infrastructure avait été relancé après la catastrophe du Mont-Blanc, qui a coûté la vie à quarante personnes, le 24 mars dernier. « Choquée » par ce nouveau drame, l'Union internationale des transports routiers réitère sa demande d'amélioration de la sécurité dans les tunnels. « Les autorités chargées du contrôle de l'équipement dans les tunnels doivent prennent toutes les mesures nécessaires pour doter ces derniers des dispositifs optimaux de sécurité en faisant appel aux techniques de construction et de surveillance modernes », indique l'IRU.
La Suisse s'inquiète.Le 29 mai, par précaution, les autorités helvétiques ont décidé de fermer le tunnel routier situé sur l'axe Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds pour une durée indéterminée. Des tests avaient, en effet, révélé une défaillance grave du système d'évacuation des fumées. Seules 2 % à 8 % des émissions étaient absorbées par les gaines de ventilation, ont expliqué les responsables locaux. Longue de 4,7 km, cette infrastructure composée de deux galeries parallèles est empruntée par environ 15 000 véhicules/jour.
Par ailleurs, la Suisse a lancé une opération de vérification de l'ensemble des 179 tunnels situés sur son réseau autoroutier. L'efficacité des conduits d'aération et des galeries d'évacuation, l'organisation des secours et la formation du personnel de sécurité seront contrôlés. Une attention toute particulière sera portée à la plus longue des infrastructures européennes (17 km) : le Saint-Gothard qui relie l'Allemagne et l'Italie. Celui-ci subit environ cinq incendies par an, selon son directeur.
Près de la moitié des tunnels routiers en Europe présenterait des conditions de sécurité insuffisantes. Telle est la conclusion d'une étude réalisée par l'Automobile-club allemand (ADAC) publiée le 1er juin dernier. Sur les 20 plus importants ouvrages suisses, autrichiens, allemands et français, un tunnel sur deux aurait récolté une appréciation défavorable ou médiocre, seuls cinq d'entre eux recevant la mention « bien ». Le plus mal et le mieux notés se trouvent tous deux en Autriche. Le premier est celui des Felbertauern, utilisé comme l'une des principales déviations depuis la fermeture du Tauern... Le Plabutsch apparaîtrait, lui, comme le plus sûr. Parmi les insuffisances relevées par l'ADAC : le manque de galeries d'évacuation pour les usagers et la vétusté des systèmes de ventilation.