La décision unilatérale du ministre des Transports de relever les tarifs de péages des autoroutes et des tunnels dans les Alpes pour aider au développement du ferroviaire fait l'effet d'une bombe. Suscitant l'indignation des états-majors parisiens de la FNTR, de l'Unostra et de TLF, qui en dénoncent le caractère « injuste et inefficace », cette mesure relève de la provocation ministérielle en Rhône-Alpes.
Dans un courrier adressé au préfet de Savoie, les transporteurs routiers viennent, d'ailleurs, d'annoncer la rupture des relations avec l'administration locale. La coupe est pleine pour ces professionnels qui, depuis le drame du Mont-Blanc, le 24 mars dernier, tentent de sauver ce qui peut encore l'être. Payant déjà les conséquences d'une politique de la jachère des tunnels routiers, ils se sont pourtant efforcés, au cours de séances hebdomadaires avec l'administration régionale, de résoudre les problèmes de circulation dans la Maurienne et le tunnel du Fréjus. De nombreuses propositions ont ainsi été formulées, les unes rejetées en bloc, les autres restées lettres mortes : mise en place d'une incitation tarifaire destinée à favoriser le passage des camions la nuit dans le Fréjus, neutralisation sur les disques des temps d'immobilisation des conducteurs...
Faisant table rase de ces concertations, le ministère a pris le risque de se mettre à dos, pour longtemps, les professionnels du transport routier. Lesquels organisent déjà la riposte.
A travers cette périlleuse entreprise de récupération d'un drame au profit du ferroviaire, le défenseur de la complémentarité des modes s'est enfin démasqué. Reste maintenant au gouvernement à parachever son oeuvre en annonçant aux transporteurs une prochaine fermeture aux poids lourds du tunnel du Chat, situé sur la route du Fréjus. Ce qui les obligerait à emprunter... l'autoroute.