Le virage de l'alimentaire

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Corsi-FIT, une entreprise de Saint-Dizier aux 140 MF de chiffre d'affaires, s'apprête en entamer le virage de l'alimentaire destiné à « booster » ses activités logistique et transport frigorifique, encore balbutiantes. Un tournant tout en douceur pour ce transporteur routier, spécialiste du lot, qui affiche, depuis sa création, une croissance toute maîtrisée

Faire jouer les complémentarités. Ou, plus précisément, s'appuyer sur un panel existant de chargeurs industriels pour tenter de « booster » l'activité logistique et la récente division transport frigorifique de l'entreprise. Le programme de Corsi-FIT, transporteur implanté à Saint-Dizier en Haute-Marne, est ainsi tout tracé. Une stratégie de développement qui s'enracine dans la courte histoire de cette société, née en 1977 avec deux camions. Elle réalise aujourd'hui 140 MF de chiffre d'affaires (dont 60 % à l'international) avec 130 véhicules moteurs et 215 personnes, réparties à travers ses agences de Saint-Dizier, Lyon, Sète, Auchel (62), Crépy-en-Valois (60) et Doncaster (Grande-Bretagne).

Exploiter la globalisation. « Depuis la création de Corsi, en 1977, et de FIT (France International Transports), en 1979, entreprises que nous avons fusionnées en 1986, nous travaillons pour le compte de nombreux industriels, tels que William Saurin, Miko, Crespo, un des leaders français du condiment et de l'olive ou encore les vins Jean Jean. Des clients pour lesquels nous distribuons, en lots complets et demi-lots, les plates-formes d'éclatement de la grande distribution. Aujourd'hui, le pôle alimentaire représente 40 % de notre chiffre d'affaires », explique Yves Corsi, P-dg de Corsi-FIT. Ce potentiel, l'entreprise de Haute-Marne, compte désormais le faire fructifier. Tout d'abord, en traquant, chez chacun de ses clients, les parts de marché en sommeil. « Il faut savoir exploiter l'effet globalisation qui touche les industriels de l'alimentaire. Nous ne sommes plus en face de pme mono-produit, mais devant des entreprises internationales. Un seul exemple : le fabricant de glaces Miko fait partie du groupe Unilever, un géant qui fabrique aussi de la margarine et bien d'autres denrées. En résumé, nous allons nous ouvrir à nos clients », souligne le dirigeant.

Les bouchées doubles en logistique. Dans cette optique, Corsi-FIT va proposer à ses clients deux activités relativement nouvelles. La logistique n'est véritablement considérée comme stratégique que depuis 1996. « En fait, depuis sept ans, nous proposons du stockage, mais il s'agissait d'une activité sans réelle valeur ajoutée », observe Yves Corsi. Depuis, le transporteur a mis les bouchées doubles en se dotant d'une surface d'entreposage de 22 000 m2 et en rehaussant le niveau de ses prestations. A son siège de Saint-Dizier, il est en train de se doter d'un entrepôt flambant neuf dédié à Miko. Opérationnel en juin prochain, cet investissement de 20 MF pourra accueillir quelque 7 500 palettes dans trois compartiments (+ 120C, + 40C et - 250C). Mais, la logistique ne concerne pas uniquement les produits alimentaires. L'agence parisienne de Crépy-en-Valois s'est spécialisée dans la logistique de pièces mécaniques pour l'industrie automobile. A Saint-Dizier, elle assure la logistique et le magasin avancé de Case, fabricant d'engins agricoles et de TP. Résultat : en 1998, l'activité logistique a généré 10 MF de chiffre d'affaires contre 2,5 MF une année auparavant. Aussi a-t-elle fortement contribué à la bonne tenue financière de l'entreprise qui a dégagé, l'an dernier, un résultat net de 5,7 MF (1,2 MF en 1997) pour un résultat d'exploitation de 9 MF (contre 3,7 MF en 1997).

Stratégie « alimentaire ». Autre perspective de développement pour Corsi-FIT, le transport frigorifique, activité intégrée, depuis 1998, au sein d'une division spécifique, « Corsi-FIT Froid ». Yves Corsi compte doubler d'ici deux ans son parc frigo composé de 30 ensembles livrant en flux tendus les bases des distributeurs ou approvisionnant en flux amont les plates-formes des industriels. Des véhicules qui ont été repris l'an passé à... Miko. « Auparavant, nous n'étions pas intéressés par ce secteur d'activité en raison des prix, identiques voire inférieurs à ceux pratiqués en tautliner classique », explique le P-dg. Un changement de cap dicté par la stratégie « alimentaire » de l'entreprise ainsi que par une opportunité. « En 1997, Miko, dont l'usine est voisine de notre siège social, a lancé un appel d'offre pour la reprise de ses 30 véhicules frigo (57 cartes grises) qu'il possédait en compte propre. Au départ, nous n'avons pas été consultés. Puis, il s'est avéré que les deux repreneurs potentiels ne tenaient pas la route pour des raisons diverses. Dans le même temps, certains nous ont poussé à nous présenter. Ce que finalement nous avons fait », raconte le dirigeant. Seul problème : en marge de la reprise des véhicules, les prix de transport proposés par Corsi-FIT sont jugés prohibitifs par l'industriel. « Nous avons négocié pour enlever le marché, mais sans casser les prix. Je reste très attentif aux marges. Nous ne descendons jamais en deçà du seuil que nous nous sommes fixés. Car, avant les problèmes de concurrence européenne, c'est bien le drame du transport routier en France. Les entreprises grossissent très vite. Dans l'obligation de faire du chiffre, elles perturbent le marché en pratiquant le dumping sur les prix », analyse Yves Corsi. Le renouvellement de la flotte Miko, aux couleurs de Corsi-FIT, est aujourd'hui quasiment achevé. Au total, cet investissement aura largement pesé sur les 36,7 MF dégagés en 1998. « Un record pour Corsi-FIT », signale Yves Corsi. Lequel mise tout à la fois sur « un développement important des volumes en frigo » ainsi que sur la montée en puissance de la logistique, pour permettre à l'entreprise d'atteindre le cap des 150 MF de chiffre d'affaires en 1999.

Une entreprise internationale

Corsi-FIT, c'est aussi une forte activité à l'international. Le transporteur se montre particulièrement actif en Grande-Bretagne où il dispose d'une agence ainsi que d'une filiale basée à Manchester. Fondée en 1994 en partenariat avec Everitt, une pme britannique, Corsi Everitt réalise 20 MF de chiffre d'affaires avec 15 personnes et 8 véhicules. Elle travaille principalement pour Hyster, pour lequel elle enlève les chariots élévateurs en provenance d'Écosse et d'Irlande, pour les acheminer sur le territoire français. « En moyenne, 700 camions traversent la Manche chaque mois. L'importance de ces trafics nous a d'ailleurs incités à ouvrir une agence à Auchel, dans le Pas-de-Calais », précise Yves Corsi. Corsi-FIT livre également - « pour des clients français » - en Italie (120 camions/mois), Allemagne (100 camions/mois), Benelux, Espagne, Autriche et Scandinavie.

Autre activité pour l'entreprise de Haute-Marne : le transport de matières dangereuses de produits chimiques conditionnés. Représentant environ 10 % du chiffre d'affaires du transporteur, cette activité est assurée via un consortium liant deux autres entreprises, Charles André et Samat qui s'adjugent le transport en citerne. « Si le consortium est dirigé par la Samat, chaque entreprise conserve son pré carré en matière commerciale », explique Yves Corsi. Qui ne semble pas disposé à abandonner cette dernière spécialité.

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