« Nous ne faisons qu'utiliser les infrastructures que l'on met à notre disposition », rappelait René Petit, président de la FNTR, interrogé à la radio lors de la catastrophe du Mont-Blanc. Une catastrophe à l'issue de laquelle le ministère des Transports, lui-même, s'est empressé d'accuser le transport routier, pour mieux défendre le mode ferroviaire. Deux mois après, les voix se taisent les unes après les autres. Aujourd'hui, le silence règne. Un silence studieux ? Un silence de mort... La mort d'au moins quarante personnes. Quarante victimes dont les familles devront encore affronter, dans les mois à venir, la mort d'une enquête judiciaire et administrative, noyée entre comité scientifique et technique, commission intergouvernementale de contrôle et autres discours administratifs et politiques. C'est que, faute de pouvoir établir la responsabilité des véhicules impliqués dans la catastrophe, il apparaît de plus en plus évident que sa cause principale relève de l'infrastructure et de sa gestion. Une gestion confiée à une société d'économie mixte, dont les dirigeants sont toujours en place... Sous la tutelle bienveillante du ministère des Transports et de l'Equipement, dont l'administration est toujours plus prompte à dénoncer les fautes de ses usagers qu'à admettre ses propres erreurs. A-t-elle reconnu sa faute lorsqu'il a été récemment annoncé que les équipements d'incendie de plusieurs tunnels savoyards étaient défectueux ? Admet-elle ses défaillances lorsque les opérations de déneigement ne sont pas effectuées à temps ? Accepte-t-elle de voir engager sa responsabilité lorsqu'il est établi que tel carrefour ou telle sortie d'autoroute met en cause la sécurité des usagers ? Bien sûr que non. Elle n'est pas non plus responsable de l'anarchie routière dans laquelle se débattent, aujourd'hui, les usagers des routes, autoroutes et tunnels alpins, victimes de fonctionnaires qui imaginent pouvoir régir les trafics routiers comme on régule les trains.
Editorial