Un chiffre d'affaires total en hausse de 4 % à 93,4 milliards de francs (dont 71,3 milliards de francs réalisés par le pôle courrier/colis), un excédent d'exploitation de 2,5 milliards de francs (en progression de 30 %) et un bénéfice net de 337 millions de francs (là où était attendu un léger déficit). Ce sont les résultats publiés par La Poste française pour 1998.
Au milieu de ces chiffres officiels, le groupe public glisse quelques « données non comptables » faisant apparaître un chiffre d'affaires de 12,3 milliards de francs pour les activités Colis et Logistique, en hausse de 32 % par rapport à 1997.
Or, ces estimations sont faussées. La Poste y inclut, en effet, allégrement le chiffre d'affaires de l'entreprise allemande Denkhaus qu'elle n'a repris que mi-décembre 1998. Déduction faite des 2,2 MdF de CA de cette société, le volume d'activité de La Poste sur ce créneau tombe à 10,1 MdF. Ce qui ne représente plus qu'une progression inférieure à 9 % par rapport à 1997.
Les comptes affichés par le groupe devraient gagner en clarté lors des prochains exercices puisque celui-ci a annoncé son intention de regrouper dans une holding spécifique ses filiales Colis et Logistique. Une décision qu'a immédiatement condamnée la CGT-PTT qui estime que La Poste vise ainsi à « dégager des moyens financiers nouveaux pour se lancer dans une guerre économique, contraire aux intérêts de la grande masse des usagers ».
Nul doute que la direction du groupe saura rassurer ses troupes sur le sujet : une de ses grandes orientations stratégiques qu'elle affiche pour 1998-2002 étant « des postiers confiants et mobilisés pour le développement » grâce à « un renforcement et un renouvellement du dialogue social ». L'entreprise publique qui attribue une partie de ses bons résultats 1998 au « faible nombre de grèves » va devoir maintenir le cap pour conquérir sur le terrain les 10 % de parts du marché colis qu'elle ambitionne à l'international à l'horizon 2002.