Imposé par le ministère des Transports, le plafond de 140 véhicules/heure a dû être ajusté ponctuellement à la hausse par les autorités locales afin de limiter les files d'attente de poids lourds et l'engorgement la RN 6 au bas de la rampe d'accès au tunnel. Néanmoins, des attentes pouvant atteindre quatre heures auraient été observées, notamment le mercredi et le jeudi. Une délégation régionale FNTR, Unostra et TLF a donc rencontré le préfet de Rhône-Alpes, le 29 avril dernier, afin de demander que ce plafond soit transformé en moyenne horaire calculée à la journée, à l'instar du dispositif mis en place côté italien. Lors de cette entrevue, les professionnels ont proposé l'instauration de tarifs incitatifs (moins 50% sur les heures creuses) pour réguler le trafic. L'administration penchant, pour sa part, pour la mise en place d'une régulation statique des véhicules par la création de parkings de rétention avec structures d'accueil des conducteurs. La délégation patronale a également obtenu la création d'une cellule d'aide aux entreprises de la région en difficulté suite aux surcoûts liées aux détournements d'itinéraire.
A Paris, les organisations professionnelles ont également fait valoir que les conditions de sécurité pouvaient efficacement être assurées par les seules mesures de limitation de vitesse et de distance. La question des interdictions de circuler devra également être résolue au plus vite, souligne la FNTR. Sans en remettre en cause le principe, les interdictions imposées aux poids lourds de circuler week-end et jours fériés pourraient être « assouplies », sous la responsabilité, dans un premier temps, des préfets concernés, répond la Direction des Transports Terrestres. Pour sa part, TLF a proposé que les heures et dates de passage soient prouvées par une attestation officielle permettant de justifier, en cas de contrôle, du caractère totalement involontaire des «infractions» résultant des mesures de sécurité. Une proposition qui, indique-t-elle, a été mise à l'étude. Autant de dispositions qui devront s'inscrire dans le temps. Car, il faudra sans doute plusieurs mois rien que pour achever l'enquête et faire un diagnostic sur l'état du tunnel du Mont-Blanc, avant même d'envisager des travaux de réfection. C'est du moins ce que laisse entendre aujourd'hui la DTT, selon laquelle l'hypothèse d'une fermeture pour une durée d'un an environ prend corps après le drame de mars. En parallèle, avec l'appui de la Mission Matières Dangereuses du ministère des Transports, l'administration française tente de se concerter avec ses voisins italiens et suisses. Mais, la Suisse, qui vient d'accepter le passage progressif d'ensembles 40 t sur son territoire à partir de 2001 et moyennant surtaxation, reste sourde à tout autre effort, même momentané.
A noter que les premiers résultats de l'enquête sur la sécurité de l'ensemble des tunnels routiers français devraient être publiés mi mai et que le ministère des Transports envisage désormais d'interdire la circulation des matières dangereuses dans le futur tunnel du Somport, sous les Pyrénées. Cette hypothèse se heurte encore à l'opposition des Espagnols.
Près de 800 poids lourds ont été bloqués au Tunnel du Fréjus, le 4 mai dernier suite à l'action de quelques conducteurs. Excédés par les attentes, ces chauffeurs ont pris l'initiative de placer leurs véhicules « en travers » à hauteur du péage autoroutier de Saint-Michel de Maurienne. Le trafic a été sérieusement perturbé jusqu'au lendemain matin. Les manifestants demandaient une augmentation du nombre de passages par heure au tunnel. Réuni le 4 mai dernier, le comité syndical interrégional (CSI) regroupant les organisations de salariés du Piémont, de Rhône-Alpes et de la Vallée d'Aoste, avait informé les principaux interlocuteurs (ministère des Transports, préfecture, DRE, Société du Tunnel du Fréjus) de l'urgence à mettre en place des solutions alternatives. « Les infrastructures actuelles - la rampe d'accès au tunnel et la RN 6 entre Modane et Saint-Michel- ne permettent pas d'absorber les 6 000 véhicules qui transitent quotidiennement par cet axe » explique Antoine Fatiga, de la CFDT de Savoie. « En outre, la régulation mise en place impose aux chauffeurs des conditions de travail déplorables. Ils sont « stockés » sur une aire d'autoroute dénuée de sanitaires et de lieux de restauration ». Parmi ses propositions, le CSI suggère d'organiser le trafic en amont du péage en répartissant les véhicules sur les aires de repos qui précèdent celui-ci et en basculant une partie des poids lourds sur la RN6 entre Aiton et Epierre. A moyen terme, le comité propose d'instaurer un système de réservation, semblable à celui appliqué sur les ferries. « Cette organisation permettrait de ne plus subir des attentes intempestives et d'éviter l'engorgement ». Par ailleurs, le CSI se dit opposé à l'augmentation des tarifs du Fréjus suggérée par le ministre des Transports estimant « beaucoup plus judicieux de les abaisser pendant les heures creuses ».