Croissance contr ôlée en température dirigée

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Le groupe auvergnat Nicolas vient de reprendre l'activité transport sous température dirigée de la société Steca, installée à Dury dans la Somme. Une opération motivée par une structure de clientèle commune et la volonté de « se développer sur un secteur présentant plus de régularité que d'autres ». Parallèlement, Nicolas poursuit une stratégie de diversification qui passe par une croissance en transport international et en logistique.

C'est le 9 avril dernier que le Tribunal de Commerce d'Amiens a approuvé le plan de reprise de l'activité transport frigorifique de la société Steca par les Transports Nicolas. Entreprise familiale installée à Dury (80) près d'Amiens, la Société des transports économiques par camions (Steca) - qui ne souhaite pas communiquer ses résultats - aurait réalisé en 1998 près de 60 millions de francs de chiffre d'affaires dont 40 millions en transport sous température dirigée, le reste en marchandises générales. Générant un résultat net déficitaire, la Steca a fait l'objet d'un redressement judiciaire le 4 décembre dernier. « Nous avons repris 65 conducteurs et cinq administratifs sur les 130 personnes que compte l'entreprise picarde, 43 ensembles frigorifiques et le fonds de commerce de l'activité transport sous température dirigée », indique Michel Nicolas, P-dg des Transports Nicolas. « L'opération ne porte pas sur les actifs immobiliers de la Steca qui continue d'exister en tant que telle », précise Charles-Henry Renauld, directeur des ressources humaines des Transports Nicolas.

Le sigle du transporteur auvergnat a déjà été apposé sur les véhicules rachetés, mais les équipes et les poids lourds repris sont encore basés dans les locaux de la Steca à Dury, ainsi que dans deux autres agences de l'entreprise, à Moneteau (89) près d'Auxerre et à Saint-Jean-du-Cardonnay (76) près de Rouen. « Nous versons un loyer à la Steca. Toutefois, cette situation n'est que temporaire. Personnel et véhicules rachetés bénéficieront de leurs propres implantations d'ici quelques semaines. Soit dans de nouveaux locaux à proximité des sites Steca actuels, soit dans des agences Nicolas existantes. Le temps pour nous d'étudier les synergies qui peuvent naître entre les différentes régions où nous sommes désormais présents », reprend Charles- Henry Renauld.

La linéarité des flux « frigo ». Le transport frigorifique représente 33 % de l'activité des Transports Nicolas. « Nous avons clairement le volonté de nous développer sur ce secteur », indique Michel Nicolas. Le rachat de Steca, au même titre que la prise de participation de 40 % au capital des Transports Ladoux d'Aurillac, intervenue en janvier 1998, s'inscrit dans cette stratégie. Pourquoi ? « L'agro-alimen- taire est une activité qui souffre peu des aléas de la conjoncture et permet d'avoir des trafics à peu près constant : quoi qu'il arrive, il faut bien que nous mangions tous les jours », répond, avec une sagesse toute auvergnate, Michel Nicolas. Par ailleurs, la structure de la clientèle de la Steca est semblable à celle de Ladoux : des industriels du frais et de l'ultra-frais. Une autre explication de ce rachat. « Cette opération renforce notre présence chez certains de nos clients et nous permet de compléter notre maillage du territoire. »

Les Transports Nicolas travaillent également pour le compte de la grande distribution dont ils gèrent quatre plates-formes. « Nous sommes désormais présent à tous les maillons de la chaîne agro-alimentaire. Nous acheminons les matières premières chez les industriels, puis les produits transformés jusqu'aux plates-formes distributeurs. Nous nous chargeons ensuite de la distribution jusqu'aux points de vente », commente Michel Nicolas.

Le groupe Nicolas, installé à Clermont, emploie 1 150 personnes et possède un parc de plus de 500 moteurs.

L'entreprise, récompensée par une Palme du transport lors de l'élection du Transporteur de l'Année 1999, a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires consolidé de 530 millions de francs. Et ce que certains appellent déjà « l'empire Nicolas » figure en tête du classement des transporteurs d'Auvergne. Nicolas, qui fête cette année ses cinquante ans, bénéficie en outre d'une direction bicéphale : Michel Nicolas se charge du financier, du commercial et de la qualité ; son frère, Daniel, s'occupe de l'exploitation, des ressources humaines et de la technique. Derrière le transport sous température dirigée, qui génère plus d'un tiers de l'activité du groupe, le transport industriel (pneumatiques, produits manufacturés, pièces détachées automobiles) représente 32 % du chiffre d'affaires, le volumineux (emballage, matériel isolant, meubles) est à 20 %, l'alimentaire sec à 10 % et le vrac (benne céréalière) à 5 %. « Nous partons du principe qu'il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier », ironise Michel Nicolas. Cette diversification répond à une stratégie de vases communicants : « En multipliant les activités, nous réussissons à maintenir une certaine linéarité de flux. Un secteur qui fonctionne bien compensant un autre qui connaît des difficultés conjoncturelles. » Le Groupe Nicolas compte quatorze implantations en France (dont dix pour Nicolas et quatre pour Ladoux). Toutes sont organisées en centre de profits. « Chaque exploitation gère sa clientèle et ses propres moyens, sous la responsabilité d'un manager qui rend compte régulièrement des résultats », souligne Charles-Henry Renauld.

Prochaine étape : l'international. Même si le territoire français n'est pas totalement couvert, c'est désormais à l'extérieur des frontières françaises que se portent les ambitions de l'entreprise. En 1998, le transport international a participé à hauteur de 25 % environ à la réalisation du chiffre d'affaires. Essentiellement en lots industriels et denrées périssables en température dirigée à destination de la Scandinavie, l'Allemagne, du Benelux, de la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie et la Hongrie. Ces trois derniers pays font, d'ailleurs, l'objet d'une attention toute particulière de la part du groupe auvergnat. « C'est en Europe du Sud ou en Europe de l'Est que devrait se réaliser notre prochaine acquisition », confie Michel Nicolas.

Montée en puissance de la logistique. La logistique constitue enfin le troisième axe de développement prioritaire. Avec 40 000 m2 de surface d'entreposage - dont 10 000 m2 sous température dirigée - cette activité représente 20 % du chiffre d'affaires total. L'objectif est de parvenir à 25 % en 1999 et à 50 % en 2004. Logistique Nicolas, la marque propre à cette activité, a été créée en 1997 dans ce but. « Nous misons sur le développement de notre clientèle dans les domaines de la grande distribution, de l'industrie alimentaire et lourde et sur la progression des demandes d'externalisation des prestations logistiques de ces derniers », explique Michel Nicolas. « Entreposage, gestion de stocks et préparation de commandes génèrent de la valeur ajoutée. En outre, la logistique nous permet de sortir du cadre obsolète constitué par le transport d'un point A à un point B. Cette activité nous intègre totalement chez notre client et nous devenons ainsi une véritable force de proposition ». Pour autant, le groupe Nicolas ne souhaite pas se désengager de son premier métier : « Le transport routier se modifie, mais demeure une activité essentielle. Nous continuerons de la développer. »

A retenir...

> Nicolas reprend l'activité transport frigorifique (40 MF de CA, 70 salariés et 43 ensembles) de la Steca (80). Une reprise qui marque sa volonté de se développer sur un secteur jouissant d'une certaine régularité d'activité.

> Le groupe Nicolas, basé à Clermont-Ferrand, emploie 1 150 personnes et a réalisé, en 1998, un chiffre d'affaires consolidé de 530 millions de francs.

> Outre le transport frigorifique (33 % du CA), Nicolas axe son développement sur la logistique (20 % du CA en 1998, 50 % prévu en 2004) et le transport international. L'Europe du Sud ou de l'Est sera le cadre de sa prochaine opération de croissance externe.

Le marché du transport frigorifique
Encore un bel avenir

« L'agro-alimentaire est un secteur qui souffre peu des aléas de la conjoncture et permet d'avoir des trafics constants », souligne Michel Nicolas, P-dg des Transports Nicolas. Tel est également l'avis de ses confrères, professionnels du transport frigorifique. « L'activité du transport sous température dirigée reste soutenue en termes de volumes et bénéficie d'une certaine régularité », confirme Bernard Prat, P-dg des Transports Prat (40 millions de francs de chiffre d'affaires en 1998), installés à Cournon-d'Auvergne (63) et président du Groupement national des transporteurs routiers de denrées périssables. « Le marché du transport frigorifique a encore un bel avenir devant lui », ajoute Patrick Lahaye, P-dg des Transports Lahaye (260 millions de francs de chiffre d'affaires dont 30 % en transport frigorifique), basés à Vern-sur-Seiche (35). « Les industriels de l'agro-alimentaire fabriquent des produits de plus en plus élaborés - à base de chocolat notamment - et imposent un transport sous température dirigée. Par ailleurs, on assiste à un boom de la consommation de produits frais. » Toutefois, les transporteurs se plaignent d'un niveau tarifaire insatisfaisant. « Le prix de revient des ensembles frigorifiques est plus important que celui des savoyardes classiques. En outre, dans notre activité spécifique, le transport de produits carnés, nous sommes confrontés à des difficultés de rechargement », indique Bernard Prat. « Les donneurs d'ordres font souvent preuve d'un manque de fidélité. On peut regretter de ne pas travailler avec des contrats sur trois ou quatre ans qui permettent d'investir et de mettre en place tout un système d'exploitation. Aujourd'hui, les responsables logistiques des donneurs d'ordres ont des objectifs toujours plus "serrés" en termes de coûts. Ils n'hésitent pas à changer de prestataire au profit d'un moins-disant ».

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