« Jusqu'à présent, nous n'avons pas connu de problèmes pour absorber le trafic supplémentaire engendré par la fermeture du Tunnel du Mont-Blanc », assure Yves Cipierre, directeur technique et d'exploitation adjoint de la Société française du Tunnel routier du Fréjus (SFTRF). « Nous avons enregistré le jeudi 25 mars un record d'affluence avec 511 poids lourds/heure. Or, nous avons la capacité d'en accepter largement le double ». Ce jour-là, le Tunnel du Fréjus a connu une augmentation de sa fréquentation de 90 % soit 8 264 véhicules au total dans les deux sens de circulation dont 6 118 poids lourds. Un an plus tôt, à cette même date, 4 520 véhicules dont 3 235 camions avaient emprunté l'infrastructure.
France-Italie : 4 itinéraires possibles. Passé ce premier afflux, une partie du transit s'est visiblement reportée sur d'autres itinéraires puisque la hausse de trafic journalier au Fréjus s'est stabilisée autour de +75 à +80 %. Des reports qui s'effectuent selon l'origine et la destination des transports. Ainsi, certains transporteurs, notamment ceux du Nord de l'Europe, se seraient en effet déportés sur le Brenner ou le Grand-Saint-Bernard malgré les restrictions imposées par la Suisse à la circulation des véhicules utilitaires. Pour les trafics entre la France et l'Italie, trois autres itinéraires « alternatifs » s'offrent aux professionnels : l'axe côtier Menton-Vintimille pour ceux gagnant le sud de la péninsule ; Grenoble-Briançon-Montgenèvre en passant par le Col du Lautaret ou le contournement de Grenoble par Gap-Briançon-Montgenèvre (voir carte ci-contre). Autant de parcours qui allongent considérablement les temps de transport et alourdissent donc les coûts. Reste également la solution du transport combiné. La SNCF, en collaboration avec les opérateurs « rail-route », devrait ainsi mettre en place « sans délai » de nouvelles liaisons ferroviaires par Vallorbe et Modane, indique le ministère des Transports.
Des effectifs et une surveillance renforcés. Prudente, la SFTRF a néanmoins pris plusieurs mesures afin d'éviter l'engorgement de ses infrastructures. Au péage, un renforcement des effectifs permet d'ouvrir toutes les voies de 6 h à 22 h et donc de limiter les attentes. « Nous n'avons pas eu besoin jusqu'ici de réguler la circulation en imposant, au niveau des barrières, un délai à l'accès du Tunnel, ainsi que le demandaient les pouvoirs publics. Nous nous réservons néanmoins cette possibilité en cas d'afflux massif. » De même, souligne Yves Cipierre, il n'a pas été utile d'instaurer des restrictions supplémentaires à la circulation des matières dangereuses que préconisait le ministère des Transports. Les règles habituelles sont appliquées avec, toutefois, des contrôles accrus. Le transit des matières dangereuses dans le tunnel est réglementé par l'ADR et par un arrêté préfectoral de la Savoie qui classe les chargements en trois catégories selon leur degré de dangerosité. Pour le Groupe LI (matières peu dangereuses), le transit est libre ; pour le groupe SC (marchandises moyennement dangereuses), le transit s'effectue sous escorte du service de sécurité du tunnel (constitution de convois de 5 véhicules maximum encadrés par deux voitures de sécurité reliées avec le poste de contrôle) ; le transit est interdit aux marchandises très dangereuses du Groupe INT (tel au 04.79.20.26.07. pour tout renseignement).
Au plan de la sécurité, la surveillance interne du Tunnel a été renforcée par la mise en place d'une patrouille indépendante. Chargée de détecter toute anomalie, cette dernière est venue compléter les équipes de pompiers composant les escortes affectées aux véhicules « matières dangereuses ». « En revanche, indique Yves Cipierre, nous attendons les résultats de l'enquête technique menée au Tunnel du Mont-Blanc avant un éventuel renforcement des dispositifs de surveillance passive (caméras, détecteurs de fumée...). Nous analyserons les enseignements tirés du rapport avec les autorités de tutelle afin de déterminer si un tel enchaînement de circonstances peut ou non se produire au Fréjus. Nous déciderons alors si des aménagements s'imposent et lesquels ». Selon le souhait du ministère des Transports, les premiers éléments de l'enquête devraient être rendus le 9 avril prochain.
Rassurer public, clients et autorités...Dans un premier temps, il s'agit donc pour le tunnel transalpin de rassurer le public, ses clients et les autorités publiques. La direction a décidé d'avancer exceptionnellement la date de l'exercice d'incendie en grandeur nature organisé chaque année avec la participation des personnels d'intervention attachés à l'infrastructure, mais aussi de pompiers français et italiens. Cette opération, habituellement programmée à la fin du mois d'août, devrait se dérouler d'ici deux à trois semaines en présence de nombreux observateurs qui « pourront ainsi juger de la coordination entre tous les intervenants ».
Suite à une intervention de l'Association française du transport routier international, les autorités italiennes ont accepté que les véhicules en possession d'une autorisation en cours de validité délivrée par le président de la région autonome du Val d'Aoste pour emprunter le Tunnel du Mont-Blanc puissent emprunter le Tunnel du Fréjus. Sont également autorisés les parcours autoroutiers de cette province, la « tangenziole » de Turin et les autres intinéraires indiqués sur l'autorisation qui doit se trouver à bord du poids lourd.