Hors saison, la benne TP passe le relais

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Les marchandises générales, le transport de sel de déneigement, le terrassement ou même le ferroviaire sont autant d'activités qui, dans les entreprises, prennent le relais de la benne travaux publics d'octobre à mars, les mois les plus creux dans le secteur. Une nécessité pour maintenir l'emploi et un certain niveau de rentabilité. Explications.

Le temps où les transporteurs de matériaux gagnaient leur vie en travaillant six mois dans l'année est révolu. La récession du marché des travaux publics, la dictature tarifaire des entreprises de TP - maîtres d'oeuvre sur les chantiers - et le suréquipement des transporteurs sont autant de facteurs qui ont entraîné une baisse de la rentabilité du secteur. Pour y faire face, les transporteurs jouent désormais la carte de diversification. « Nous transportons des matériaux toute l'année, mais la véritable saison commence à partir du mois de mars et se termine en octobre », commente Jean-Claude Fariney, P-dg de Carminati Fariney (25 millions de francs de chiffres d'affaires en 1998), situé à Belfort (90) et président de la commission benne TP à la FNTR. « Pendant les quatre mois d'hiver, nous fournissons le sel de déneigement à la SAPRR (Société des autoroutes de Paris Rhin Rhône) sur un rayon de 200 km. Nous effectuons également, à l'aide d'un véhicule spécial, du déneigement de routes. Cela permet à l'entreprise de maintenir une activité linéaire sur l'ensemble de l'année et d'employer chacun de mes salariés à temps complet. »

Spécialité : les chantiers difficiles. A Ferrières-en-Brie en Seine-et-Marne, chez les Transports Récipon (30 millions de francs de chiffre d'affaires en 1998), le mot « saisonnalité » n'existe pas. « La première activité de l'entreprise, depuis sa création en 1965, a toujours été le terrassement et les chantiers difficiles. Elle représente aujourd'hui la moitié de notre chiffre d'affaires », indique Jacques Récipon, P-dg de l'entreprise. Dans la vaste cour de la société, à côté des 35 ensembles bennes, plus de 80 engins de terrassement et d'excavation sont alignés : pelles hydrauliques à grandes capacités, pelles chargeuses sur pneus ou dumpers 6x6 pour les terrains très difficiles... de marques Caterpillar, O&K, Liebherr ou encore Case.

L'entreprise Voies Ferrées Transports (26 millions de chiffre d'affaires en 1998), basée à Vizille dans l'Isère, possède, elle, un embranchement ferroviaire qui lui permet de desservir en matières premières les usines de la vallée de la Romanche. Les wagons de l'entreprise transportent également du charbon et du sel de déneigement. Alain Lassalle, P-dg des Transports Lassalle (37 millions de francs de chiffre d'affaires en 1998) a choisi d'être pluridisciplinaire. Les travaux publics ne représentent plus qu'environ 20 % de son activité. Les marchandises générales, le liquide alimentaire et la logistique sont autant de secteurs qui lui permettent de ne pas souffrir de la saisonnalité et de maintenir un certain niveau de rentabilité. « Nos bennes TP sont utilisées entre mars et octobre, pendant la haute saison au moment où les prix sont au plus haut. »

TP et zone longue font bon ménage. Le groupement breton Ablo Coop (84 millions de chiffre d'affaires en 1998), créé en 1969 et basé à Nantes, a décidé d'investir à partir de 1978 dans l'achat d'un parc de savoyardes. « Notre but était de contourner la saisonnalité en utilisant les véhicules immobilisés en hiver. Nous avons développé une activité de marchandises générales à l'international qui représente 50 % de notre chiffre d'affaires », explique Dominique Laure, président d'Ablo Coop. Aujourd'hui, les conducteurs du groupement sont amenés à passer d'une activité à l'autre. Une pratique qui laisse Jean-Claude Fariney pour le moins sceptique. La benne TP et la zone longue sont deux activités totalement opposées qui nécessitent des conducteurs aux profils et aux formations différentes. Avec une semi, vous n'avez pratiquement jamais besoin de reculer si ce n'est pour vous coller au quai. Avec une benne, il faut parfois faire marche arrière sur plusieurs centaines de mètres. En outre, les conducteurs de bennes ont un oeil que ne possèdent pas les grands routiers. Sur un chantier boueux par exemple, il faut savoir où passer pour éviter de s'enliser. Enfin, les benniers sont habitués à rentrer chez eux tous les soirs, ce qui n'est pas le cas des grands routiers absents généralement plus de trois jours. »

Il existe aussi des exceptions : des entreprises qui parviennent à travailler dans le secteur des travaux publics tout au long de l'année. C'est le cas de la SARL Rospars (un million de francs de chiffre d'affaires), installée dans le Finistère. « Nous possédons deux véhicules de chantier et nous travaillons à 100 % tout au long de l'année, particulièrement dans le bâtiment. Avec la baisse des taux de crédit et de la rémunération de l'épargne, les gens achètent ou font effectuer des travaux. La loi Périssol a également contribué à relancer l'activité du bâtiment », confie Denise Rospars, conductrice et épouse du P-dg de l'entreprise.

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