Au moins 40 personnes sont mortes le 24 mars dans l'incendie du tunnel du Mont-Blanc. 40 automobilistes, conducteurs routiers, sauveteurs. Une semaine après le drame, le bilan n'est pas encore définitif. Et déjà les réactions, déclarations, accusations se multiplient. Les pires n'ont pas manqué de fuser alors même que le brasier n'était pas maîtrisé. Parmi celles-ci, mieux vaut oublier celles du maire de Chamonix qui, sans doute trop ému par l'ampleur de la catastrophe, s'est empressé de montrer du doigt les poids lourds qui envahissent sa belle vallée, par ailleurs si magnifiquement ornée de splendides complexes touristiques, remontées mécaniques et autres télésièges ou parkings automobiles. Mieux vaut passer sous silence la réaction trop empressée de Jean-Claude Gayssot, ministre de la CGT et de la SNCF, toujours soucieux de promouvoir le fer au détriment de la route, dans l'espoir improbable de combler par ses déclarations des déficits qu'il ne maîtrise pas. Peut-être faut-il montrer du doigt le président de l'ATMB, qui, brutalement réveillé de son hibernation par l'horrible fusion, n'a pu s'empêcher de remettre en cause le sérieux des sapeurs-pompiers, qui dénoncent des procédures de sécurité défaillantes. Sans doute faut-il enfin rappeler que l'Etat et les collectivités locales savoyardes, trop heureux de profiter de la manne financière d'une infrastructure rentabilisée depuis plus de dix ans, ont omis d'y réinvestir une part des péages pour en améliorer la sécurité.
Mais, il est surtout nécessaire de montrer un peu de dignité, par égard pour les victimes et les sauveteurs, par respect pour tous les professionnels qui poursuivent leur mission malgré la tempête médiatique. A l'image de René Petit. Invité par les media à réagir aux accusations prononcées contre les poids lourds, le président de la FNTR a sobrement rappelé que le transport routier de marchandises, simple usager des infrastructures mises à sa disposition, était lui-même victime du drame.
Une victime qui souhaite, comme toutes les autres, comprendre. Pour cela, il faudra attendre les conclusions des enquêtes en cours, qu'un archéologue découvrira probablement dans quelques siècles, en fouillant les archives du ministère des Transports.