Une nouvelle donne avec le SAPMEF ?

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Rejetés par les « grandes » centrales syndicales patronales ; inconnus, et pour cause, des organisations ouvrières, les louageurs errent dans un no man's land statutaire qui les fait douter de leur capacité à s'organiser. La démarche du SAPMEF (Syndicat Autonome des Petites et Moyennes Entreprises de Fret) pourrait être l'une des conditions d'une solution à la crise.

Déjà connu de nos lecteurs pour s'être violemment prononcé dans ces colonnes (voir L'OT 1996 - septembre 1998) contre « l'esclavagisme » auquel sont soumis les sous-traitants des bétonniers, Guy Fontana, secrétaire général du SAPMEF (Syndicat Autonome des Petites et Moyennes Entreprises de Fret), étend, depuis cet hiver, l'activité de son syndicat chez les louageurs. Promoteur d'une charte en cours de signature au ministère des Transports concernant les bétonniers, ce Lyonnais d'adoption, Sicilien d'origine, a été sollicité par les sous-traitants des messagers. « C'est le téléphone arabe qui a fonctionné, pour une raison toute simple. A la différence des autres organisations, je me rends disponible pour régler les problèmes au cas par cas, au ras du terrain. Les gens qui viennent chez nous sont de petits patrons qui ont un, deux camions, qui roulent eux-mêmes. Ce qui fait que les discussions avec eux ont lieu plutôt aux heures où les autres syndicats sont fermés, le soir et le week end. Et, Dieu sait si les petits sous-traitants de la messagerie ou du monocolis travaillent beaucoup en semaine. »

Du coup, de coups de téléphone en rencontres, de réunions en réunions, Guy Fontana a découvert la réalité des louageurs, chez qui il retrouve des similitudes avec le secteur des bétons où il a fait ses premières armes de responsable syndical patronal, après une solide expérience dans les organisations ouvrières. Les deux pieds bien sur terre, son problème est de « s'adapter aux conditions du terrain, et au vide laissé par les grandes institutions », avec la difficulté supplémentaire de bien choisir les axes de travail en fonction de l'absence de statut des louageurs. Car, l'ambiguïté est bien là : il s'agit de défendre un milieu dans lequel les acteurs sont à la fois responsables d'entreprises, mais quelque part aussi à la limite du salariat.

Projets. Toutefois, il veut croire en la possibilité de faire évoluer les choses dans le bon sens. « Il faut ceinturer cette profession, et commencer par le début. Compte tenu des tarifs qui se pratiquent, et de la misère ambiante, il y a toujours un pigeon pour prendre le boulot. Il faut obtenir une formation pour ceux qui démarrent, comme pour ceux qui exercent déjà. Ne serait-ce que pour leur apprendre à calculer un prix de vente, la différence entre recette et bénéfice. Celui qui ne connaît pas ce B. A. BA ne peut pas s'en sortir et devient la proie de tous ceux qui vivent sur la misère des autres. Au contraire, ceux qui ont un minimum de formation sont déjà plus armés pour faire comprendre à leurs donneurs d'ordre qu'un jour, il faudra renégocier tel prix, telle tournée, etc. » Objectif global : donner un statut à ces louageurs en les faisant réellement devenir autonomes par rapport à leurs chargeurs, en créant de véritables entreprises et non de petites unités de livraison sans aucune perspective d'avenir.

Pour autant, Guy Fontana n'oublie pas qu'il faudra aussi négocier avec ces donneurs d'ordres. Il a du reste commencé sa tournée en prenant des contacts avec de grandes enseignes, qui le reçoivent pour le moment, sans doute avec un peu de curiosité, sans doute aussi pour connaître l'état réel du rapport de forces qui pourrait se créer. Certaines ruptures récentes de contrats avec des sous-traitants, que la Justice pourrait facilement confondre avec des licenciements sans cause réelle et sérieuse, font penser à certaines réactions épidermiques du monde patronal face à la constitution de syndicats ouvriers. « Ce que je voudrais », souhaite le secrétaire général du SAPMEF, « c'est que l'on arrive à résoudre tout çà sans trop de bagarre. Mais, ce sera difficile. Il n'est pas trop dans les usages d'accepter facilement de partager le gâteau. Il serait pourtant équitable de trouver des marges qui puissent profiter à tout le monde ».

Dans un premier temps, il s'agira surtout de régler les problèmes les plus ponctuels rencontrés par les louageurs, comme le non-paiement des « avisés » (clients absents au moment de la livraison), les sanctions financières, le trop-plein de tournées confiés à des tiers et facturés au titulaire de la tournée, les journées du samedi non payées, etc. Simultanément, le SAPMEF a demandé à Hubert du Mesnil, directeur des Transports terrestres, de recevoir une délégation composée de chefs d'entreprises de transports de moins de 3,5 t, afin « d'ouvrir le débat sur l'accès à la profession qui devrait, par obligation, passer par quatre à huit semaines minimum de formation en gestion et réglementation » dans des centres agréés.

Fort d'un effectif qui vient de dépasser le millier d'adhérents, et d'une représentation qui fait tache d'huile dans tout le pays, le SAPMEF compte bien jouer tout son rôle pour faire avancer les négociations, tant sur le plan réglementaire que dans les entreprises.

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