Avec un chiffre d'affaires 1998 de 3,3 milliards de francs, en hausse de 12,7 % par rapport à 1997 (+ 5,7 % à périmètre comparable), la branche route de Geodis (alias Bourgey-Montreuil, Sceta Transport, Innocenti) accuse une baisse de 13,7 % de son bénéfice d'exploitation (32 MF contre 37 MF), en tenant compte notamment, de « l'intégration du résultat déficitaire attendu de 12,2 MF d'Innocenti Royer, racheté en juin 1998 ». « La marge opérationnelle est aujourd'hui en retard sur le tableau de marche 2000 », constate ainsi Alain Poinssot, P-dg de Geodis qui, stratégie de redressement de ce ratio oblige, attend pour 1999 un « ralentissement marqué ».
Adaptation des moyens. Celui-ci sera d'autant plus important que la branche route a enregistré en décembre 1998 une contre-performance qui s'est poursuivie en janvier et février 1999. Responsable désigné : la crise asiatique. « Les exportateurs américains de produits chimiques ne peuvent écouler leurs marchandises au Japon, ils les vendent donc en Europe où ils exercent une forte pression concurrentielle. Non seulement les volumes transportés ont chuté de 20 %, mais les prix ont baissé de 10 % », constate Pierre Brunet, directeur de la branche route et président du directoire de Bourgey-Montreuil.
Résultats insuffisants et conjoncture défavorable ont conduit Geodis à « entamer une adaptation immédiate des moyens ». Laquelle passe par « une nouvelle organisation de la branche route avec poursuite des efforts de productivité (notamment via une politique de relais) et par la mise en oeuvre d'une gestion volontariste et sélective du portefeuille d'activités et de métiers. Corrélativement, les investissements en moyens propres seront limités au profit de l'appel à la location ». Les frais de structure seront également revus « notamment en diminuant le nombre d'entités juridiques de la branche ». Pour aider cette politique, Pascal Gibert, issu de Geodis, vient d'être nommé directeur adjoint aux côtés de Pierre Brunet. Apparemment déçu par la « route », le groupe concentre ses ambitions sur ses divisions logistique et messagerie, annoncées comme « secteurs de développement européen prioritaires ». C'est, d'ailleurs, la branche logistique (Tailleur Industrie, Calberson Logistique et Geodis Logistics Europe) qui enregistre le plus fort développement : + 55,7 % (+ 34 % à périmètre égal) soit 2,8 MdF de CA avec un résultat d'exploitation de 124,6 MF, lui-même en hausse de 183 %. Vient ensuite l'overseas avec 4,2 MdF de CA en progression de 19,9 % (+ 8,2 % à périmètre comparable) et 41 MF de bénéfice d'exploitation. Le chiffre d'affaires messagerie (43,8 % des activités du total groupe) atteint, lui, 8,3 MdF. Ce qui représente une chute de 13 % en tenant compte des cessions de Samson Transport UK et de BM Virolles (à périmètre égal, la progression serait de 7,4 %). Le résultat d'exploitation de cette branche perd également près de 3 % pour tomber à 214 MF. « L'année a été très bonne pour Calberson et bonne pour Extand, bien qu'en deçà de nos attentes », constate Alain Poinssot mais « 1998 a été décevante dans nos filiales européennes » (Cavewood, Teisa, FAT, Calberson GE, Zust Ambrosetti, NDLR).
Réajustements européens. Le groupe Geodis prévoit : « Des mesures structurelles en Angleterre (Cavewood) et en Espagne (Teisa). » En Italie, des négociations sont actuellement en cours pour prendre une participation majoritaire dans Zust Ambrosetti dont Geodis détient actuellement 46 %. Faute d'obtenir satisfaction, le groupe annonce son intention de sortir du capital de l'entreprise. Des acquisitions pourraient être réalisées au Benelux, où les filiales du groupe ne sont pas de taille à prendre des parts de marchés suffisantes. Autre pays visé : l'Allemagne, où Geodis ne dispose que de correspondants via sa filiale FAT. Pour atteindre ses objectifs européens, le groupe envisage « croissance organique, partenariats et alliances et, dans des cas ciblés, croissance externe »... mais alors « de taille relativement limitée car nous n'avons ni les moyens, ni la mentalité pour acheter tout ce qui bouge », explique Alain Poinssot qui envisage toutefois d'accroître sa marge de manoeuvre en « désinvestissant dans certains secteurs pour en privilégier d'autres ». Il pourrait ainsi céder les parts (très minoritaires) que détient Geodis dans STEF-TFE.
20 MdF en 2000. Au terme de son plan d'action 1999, le groupe espère porter son chiffre d'affaires consolidé de 18,56 MdF en 1998 (19 MdF à périmètre comparable) à plus de 19,7 MdF et son bénéfice d'exploitation de 431,2 MF à plus de 500 MF. Après avoir quasiment quadruplé son résultat net 1998 par rapport à 1997 avec 135,2 MF, Geodis mise sur une croissance modérée en 1999 « compte tenu du poids croissant de l'impôt sur les sociétés ». Pour 2000, le groupe s'est fixé comme objectif d'atteindre au moins 20 MdF de chiffre d'affaires pour 200 MF de résultat.