Avec un chiffre d'affaires 1998 de 4,24 milliards de francs pour un résultat d'exploitation de 230 millions de francs et un résultat net de 107 millions de francs, le groupe Norbert Dentressangle atteint avec un an d'avance l'objectif qu'il s'était fixé dans son business plan établi pour 1994-1999. Au cours du dernier exercice, son activité a progressé de 9 % à périmètre constant et de 33 % en tenant compte des opérations de croissance externe. Celles-ci ont apporté un volume d'affaires de quelque 755 millions de francs en 1998.
Un milliard d'acquisitions. « Les acquisitions d'entreprises, intégrées ou en cours d'intégration, représentent un milliard de francs de CA », précise Jean-Claude Michel, président du directoire. En 1997, Norbert Dentressangle avait repris AJG, société britannique de groupage international (60 millions de chiffre d'affaires). Dans l'Hexagone, il avait racheté Confluent et UTL, deux prestataires logistiques (distribution et entreposage), qui lui ont apporté respectivement 100 millions de francs et 510 millions de francs de chiffre d'affaires avec 250 000 m2 et 150 000 m2 d'entrepôts. En 1998, le groupe a acquis Seroul, spécialiste du vrac, avec 350 millions de francs de chiffre d'affaires et des implantations en Ile-de-France, dans le Sud-Est ainsi qu'au Benelux, en Espagne et en République tchèque. L'année dernière, Norbert Dentressangle s'est également offert l'entreprise cavaillonnaise Mani, 76 millions de francs de chiffre d'affaires, ancrée sur la « niche » du groupage de primeurs sous température dirigée.
Trois branches. L'ensemble de ces opérations a été accompagné en 1998 d'une restructuration des activités du groupe. La branche general cargo regroupe désormais le transport de marchandises générales (conditionnées, grand volume, frigo). Le pôle vrac est reconstitué autour de Seroul. La logistique fusionne quatre sociétés autour d'UTL.
En progression de 148 %, cette dernière activité a généré l'essentiel du développement du groupe en 1998 grâce à la croissance externe mais également « grâce à la conquête de contrats importants dans de nouveaux secteurs comme le jouet et textile ». « Environ 100 millions de francs, relevant actuellement du transport parce que réalisés par des entrepôts très intégrés à cette branche, devraient à terme revenir à la logistique », signale Jean-Claude Michel.
En pointe le vrac et le frigo. Le transport, qui apporte toujours plus des trois quarts du volume d'affaires de Norbert Dentressangle, a enregistré une progression de 16 % en 1998. Une croissance qui s'appuie d'abord, selon la direction du groupe, sur le dynamisme des activités spécialisées : le vrac et le transport sous température dirigée généreraient aujourd'hui respectivement un milliard et 300 millions de francs de chiffre d'affaires. Norbert Dentressangle a également profité de l'essor du trafic international grâce à ses nouvelles implantations en Allemagne, en Espagne et en République tchèque. C'est sur ces deux axes du transport spécialisé et de l'international que le groupe mise également pour ses développements futurs. Il entend ainsi porter de 20 % à 30 % la part de ses activités hors des frontières hexagonales d'ici à 2002. Pour cela, il prévoit quelques nouvelles acquisitions sur le marché du transport où il projette « une spécialisation accrue dans le groupage pour répondre à la tendance actuelle du marché caractérisée par une fragmentation des livraisons », et sur le marché de la logistique, où il entend « bâtir un réseau européen s'appuyant sur le transport ». Ses appétits sont essentiellement orientés vers l'Est. « Les enjeux sont désormais européens et un certain nombre de pays d'Europe centrale vont trouver leur place dans les échanges avec la Communauté », prévoit Jean-Claude Michel. Le groupe n'en délaissera pas pour autant son terrain de prédilection : le transmanche. Présent depuis 20 ans en Grande-Bretagne, Norbert Dentressangle y a réalisé un chiffre d'affaires de 500 millions de francs en 1998. Il y emploie 550 personnes avec 350 véhicules moteur et 24 000 m2 de surfaces d'entreposage. Fort de cette solide implantation, il exclut la Grande-Bretagne de ses terrains de chasse. Comme l'Hexagone, où Norbert Dentressangle entend désormais privilégier une croissance interne.
Une vocation européenne. « Dans les prochaines années, notre développement équilibrera également croissances interne et externe mais avec des intensités différentes en fonction du couple métier/pays », précise Jean-Claude Michel dont l'ambition est d'atteindre un milliard d'euros (soit plus de 6,5 milliards de francs) de chiffres d'affaires en 2002. Ce qui suppose une progression annuelle de 15 %. Parallèlement, le groupe entend accroître sa marge opérationnelle de 0,2 % par an pour la porter à 7 % en 2002. « Le transport comme la logistique peuvent séparément améliorer leurs résultats opérationnels », estime Jean-Claude Michel qui mise pour cela sur la maîtrise des charges et l'amélioration de la productivité ainsi que sur le développement des activités logistique et européenne. Ces objectifs ont été inscrits dans le nouveau business plan dont la durée a été réduite de 5 à 3 ans. « L'environnement change beaucoup plus vite et la visibilité est beaucoup moins bonne au delà de cette durée. Dans trois ans, c'est 2002 et le passage à la monnaie unique européenne. Lequel aura des conséquences importantes sur l'évolution de la demande de transport et de logistique en quantité comme en qualité », explique le président du directoire du groupe Norbert Dentressangle.
> Le groupe Norbert Dentressangle a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires consolidé de 4,24 milliards de francs en hausse de 33 %. A périmètre constant son activité a progressé de 9 %.
> Les entreprises acquises en 1997 et 1998 représentent un volume d'affaires de plus d'un milliard de francs.
> Le groupe ambitionne d'atteindre un milliard d'euros (6,5 milliards de francs) de chiffre d'affaires en 2002 avec 7 % de bénéfice opérationnel.
> Norbert Dentressangle projette de poursuivre sa politique de croissance externe en Europe. La France et la Grande-Bretagne seraient toutefois exclues du champ géographique de ses prochaines acquisitions.
Quand Norbert Dentressangle vise les 6,5 milliards de chiffre d'affaires en 2002, Giraud ambitionne d'atteindre 5 milliards en 2000.
Quand le premier réalise le quart de son activité en logistique, le second aussi.
Quand le groupe de Saint-Vallier se risque et échoue sur le marché de la chimie liquide, celui de Vitry-sur-Seine rate son entrée sur celui du pulvé.
Quand Norbert Dentressangle se niche sur les créneaux du vrac pulvé et du frigo, Giraud s'attaque à celui des hydrocarbures.
Quand le Rhônalpin table sur un chiffre d'affaires international de 30 % en 2002, le Francilien aspire à porter cette part 75 % en 2004.
Quand l'un est très présent en Grande-Bretagne, l'autre aussi.
Quand Giraud regarde vers les pays de l'Est, Dentressangle s'y intéresse aussi.
Quand le premier annonce que ses activités groupage et affrètement ont progressé de 38 %, le second admet que ses coûts de sous-traitance ont augmenté (et devraient continuer dans ce sens) en affichant parallèlement sa volonté de développer le groupage.
Depuis une dizaine d'années, les deux premiers groupes français privés de transport routier de marchandises générales grandissent au même rythme en suivant des parcours similaires. Doit-on en déduire qu'une seule stratégie de développement s'impose pour ce type d'entreprises ? Il en existe sûrement d'autres mais elles n'ont pas gagné l'Hexagone... pour l'heure.
> 4,24 milliards de francs de chiffre d'affaires en progression de 33 % dont plus de 75 % en transport et 20 % à l'international.
> 230 millions de francs de résultat d'exploitation soit un ratio RE/CA de 5,4 % contre 5,2 % en 1997.
> 208 millions de francs de résultat avant impôt et écart d'acquisition soit 62 % de plus qu'en 1997.
> 107 millions de francs de résultat net en hausse de 33 %.
> Réduction de l'endettement net de 20 % en 1998.
> 7 304 salariés (6 300 en 1997).
> 3 730 véhicules moteurs (3 200 en 1997).
> 820 000 m2 de surfaces d'entreposage (700 000 m2 en 1997).