Président du Consortium De Réalisation depuis l'année dernière, Raymond Lévy, ancien dirigeant de Renault, étudie depuis plusieurs semaines deux offres de reprise du messager Mory. La première est présentée par ABX, le « Sernam belge ». Elle enfonce sa logique dans les profondeurs du déficit de la compagnie des chemins de fer belge. Elle exprime les ambitions irraisonnées d'un secteur public irresponsable. Elle semble loin de pouvoir garantir la pérennité de l'entreprise rachetée. Au contraire, elle risque fort de déboucher sur de nouvelles difficultés financières et commerciales pour Mory, un des premiers messagers français. En fait, cette offre n'a d'intérêt que pour son montant, probablement supérieur à celui de l'autre proposition. Celle-ci est avancée par l'actuelle direction opérationnelle de Mory, associée à l'ensemble de ses salariés avec l'appui financier des banques britanniques Barclays et Natwest. Elle repose sur un Plan d'Épargne Entreprise et sur un Fonds Commun de Placement d'Entreprise auxquels les 4 000 employés de Mory auront la possibilité de souscrire. Ils en ont la volonté: 88 % d'entre eux soutiennent cette solution, représentés par un Comité Central d'Entreprise unanime, où siègent la CGT, la CFDT, la FNCR et FO. Les banques apportent une ingénierie financière qui permettra, à moyen terme, de laisser la majorité du capital aux salariés. Ce projet s'inscrit dans la continuité du redressement comptable et commercial réussi depuis deux ans par Mory. Doit-il être négligé au profit de la stratégie douteuse d'une des plus petites et des moins rentables entreprises ferroviaires européennes ? Quelques millions de francs de différence feront-ils le poids face à 4 000 emplois ? Bien sûr que non. En fait, le CDR ne peut que retenir la proposition française. Sans doute attend-il simplement l'ouverture de la Semaine Internationale du Transport et de la Logistique pour mieux l'expliquer aux nombreux chargeurs qui visitent ce salon.
Editorial