Le constructeur Renault VI, filiale véhicules industriels de Renault, a-t-il bénéficié d'un traitement de faveur pour la vente de ses véhicules destinés aux achats publics ? C'est ce que tend à démontrer un rapport de l'Inspection des Finances qui, selon notre confrère belge Le Lloyd, épinglerait très sévèrement le constructeur français. L'affaire paraît sérieuse puisqu'une information judiciaire vient d'être ouverte pour « favoritisme, recel de favoritisme, faux et usage de faux ».
Le rapport des inspecteurs relate des pratiques irrégulières concernant des ventes de poids lourds Renault VI à l'Union des groupements d'achats publics (Ugap). Cet organisme est chargé de faciliter les achats réalisés par les administrations, ministères et collectivités locales. Le rapport cite notamment le cas du ministère de la Défense qui aurait acheté des véhicules à Renault VI 20 % plus chers que les autres clients du constructeur. Renault VI rappelle que la France est l'un des marchés européens où les marchés publics sont les plus ouverts. En outre, selon le constructeur, l'Ugap lui aurait acheté, en 1998, seulement 100 poids lourds sur un total de 400. Pour expliquer l'écart de prix, Renault VI souligne que les commandes visées portaient sur des véhicules spéciaux destinées à l'armée. Or, il semble que le ministère de la Défense impose à ses fournisseurs des conditions très particulières (documentations techniques spécifiques, engagements draconiens en matière de maintenance, etc.), ce qui expliquerait que les véhicules soient vendus plus chers qu'à un autre acheteur. Enfin, en 1998, les achats de l'Ugap n'ont représenté que 0,5 % des 18 489 poids lourds vendus par Renault VI sur le marché français.