Fermeté, reste le mot d’ordre du gouvernement concernant le projet de loi sur la réforme ferroviaire. Le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre des Transports, Élisabeth Borne, répètent à l’envi aux cheminots et dans les media que les titres de la SNCF seront à l’avenir « incessibles », rappelant que « le groupe sera détenu à 100 % par l’État ». Or, dans un compte-rendu de réunion, auquel L’Officiel des Transporteurs a pu accéder, la direction du groupe ferroviaire indique « amendement proposé par le cab : prévoir incessibilité. Nous avons insisté sur la nécessité de le restreindre au niveau de la holding ». Plus loin, sur la filialisation, elle propose un amendement afin de modifier plusieurs articles car la rédaction actuelle « empêche la filialisation de TER (…) ». Ces échanges dévoilés trahissent une volonté de la SNCF, ou plutôt de son président Guillaume Pepy, de vouloir détacher les activités et les privatiser au fur et à mesure. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, craint une vente à la découpe du groupe. Le gouvernement et l’entreprise ferroviaire s’en défendent. Pourtant après plusieurs mois de démentis, la filialisation de Fret SNCF a été annoncée en avril. Le texte de la réforme doit arriver le 23 mai en commission au Sénat, puis le 29 dans l’hémicycle. En attendant, en coulisse, cabinets ministériels et syndicats oeuvrent pour sortir du conflit au mieux. Le Vot’action des cheminots, lancé le 14 mai et pour une semaine, n’aura aucun poids. Le pacte ferroviaire sera adopté, sans doute avec quelques amendements concédés. Alors pourquoi poursuivre la grève ? Pour ne pas perdre la face ? Les syndicats veulent sortir la tête haute car c’est leur future représentativité qui est en jeu aux prochaines élections. Sud Rail, lui, réclame désormais la démission de Pepy, parce que la bataille sur les négociations de branche risque d’être rude et le président connaît déjà trop bien la maison.
Actualités
Vers quelle porte de sortie ?
Article réservé aux abonnés