C’est avec de fortes ambitions au plan du report modal que le port de Sète a lancé le projet de création d’une plateforme multimodale. Cet équipement remplacera le chantier de transport combiné existant fin 2020, l’emprise de ce dernier étant réutilisée dans le cadre de la construction de la nouvelle gare maritime.
La construction de la plateforme débutera à la fin de cette année. Elle comportera trois voies de 330 mètres de longueur, chacune équipée de sa plateforme de chargement/déchargement. Être équipée de rampes de chargement sera la grande nouveauté de cette plateforme. Insistant sur cet atout, Olivier Carmes, directeur général de Port de Sète Sud de France, souligne que « le chargement des trains se fera, ainsi, de manière plus rapide [qu’avec les reachstackers existants, Ndlr]. Surtout, il permettra d’ouvrir davantage de marchés et d’autoriser le chargement de remorques non consolidées. De fait, tous les types de transporteurs pourront utiliser le nouvel outil ».
La mise en place des trois voies précitées en lieu et place des deux existantes de même longueur constituera un autre atout de taille. Actuellement, en effet, le chantier ne permet pas de traiter deux demi-trains simultanément. Avec les nouvelles installations, ce sont trois demi-trains qui pourront être chargés/déchargés simultanément. L’objectif de créer une plateforme multimodale pour opérer jusqu’à plus de 800 conteneurs et remorques par semaine pourra, ainsi, être atteint. Le coût de réalisation de la nouvelle infrastructure sera de 6 millions d’euros. Sur ce montant, 1,5 million d’euros correspondant à l’installation des rampes de chargement sera directement pris en charge par l’opérateur privé chargé de l’exploitation de la plateforme. Sa désignation interviendra au cours du dernier trimestre 2019.
Pour l’heure, ce sont trois allers-retours par semaine qui sont assurés par l’exploitant VIIA sur Bettembourg et Zeebrugge via Noisy-le-Sec (93). Lancée fin octobre 2016, cette desserte ferroviaire assure le transport d’un peu moins du tiers des camions (soit 25 000 remorques environ) débarqués sur le port de Sète. Grâce au nouvel équipement, l’objectif est de porter cette part modale à 50 % d’ici deux ans. Cette montée en puissance devrait être d’autant plus facile à atteindre qu’une réorganisation du service maritime va profiter au port de Sète à compter du 1er juillet prochain. C’est à partir de cette date que la liaison entre le port turc de Cesme et son homologue de Sète sera reprise par l’armateur danois DFDS-UN ro-ro. Il positionnera, à cette fin, deux navires en mesure de transporter 400 semi-remorques chacun toutes les semaines. Comme l’explique Tugrul Sarikahya, directeur France d’Ekol Logistics, « cela va générer de nouveaux développements pour l’autoroute ferroviaire dont nous sommes, pour l’heure, le seul utilisateur en tant que chargeur. C’est ainsi qu’un quatrième aller-retour hebdomadaire verra le jour à partir du 9 juillet prochain. Au lieu de garantir le transport de 300 à 400 semi-remorques chaque semaine, nous allons doubler ce nombre dans les prochains mois. Nous serons, à ce moment-là, quelque peu en avance sur les objectifs du port ».
L’opérateur de transport logistique prévoit de faire passer cette desserte à six ou sept allers-retours par semaine à compter de janvier 2020. La nouveauté liée à ce développement consistera à l’ouverture de ce service à d’autres transporteurs. « Nous devrons les convaincre que la solution ferroviaire est la meilleure pour acheminer les marchandises vers leur destination finale. Nous devrons bénéficier d’un soutien accru des autorités locales pour simplifier les différentes procédures à l’arrivée à Sète », ajoute le dirigeant.
Répondant au souhait du port de voir apparaître des trafics potentiels sur le Maroc, voire l’Algérie, Ekol Logistics pourrait à jouer le jeu en envisageant de mettre en place une liaison à un horizon restant à déterminer. Démarrant depuis un port turc, celle-ci ferait escale en Égypte et dans des ports du Maghreb incluant le Maroc, avant d’atteindre sa destination finale, Sète. Plus que jamais et comme le confirme Olivier Carmes, « le développement des fréquences de l’activité roulier est donc corrélé au développement des activités ferroviaires ». Un cercle vertueux à l’heure où de nouvelles relations internationales de transport combiné se mettent en place pour obvier au délicat problème de pénurie de chauffeurs.