Sandra Cellier : Nous gérons en interne la paie de nos 120 salariés, dont 110 conducteurs, grâce à une personne à mi-temps, que j’aide aussi. Jusqu’en 2012, c’était notre expert-comptable qui faisait les paies. Mais comme l’entreprise se développait, nous avons intégré cette opération, à la fois pour contenir les coûts et pour opérer plus vite en fin-début de mois, en direct. En 2014, nous avons aussi changé de logiciel de paie, avec Silae, et nous avons fait installer une passerelle entre la gestion et Tims, le logiciel de remontée des informations des conducteurs. Une des principales difficultés, pour nous transporteurs, reste de bien gérer toutes les informations de notre personnel de conduite. Ces données varient en permanence : le type d’heure – de jour ou de nuit, supplémentaire ou non –, les frais de déplacement… Ces deux logiciels, et la passerelle entre eux, nous permettent de traiter la variabilité des horaires des conducteurs en limitant les opérations de saisie et, donc, les risques d’erreur. Chez nous, 45 % des conducteurs travaillent de jour, 30 % de nuit et 25 % roulent de longues distances avec plus de frais de déplacement. À partir de la lecture de leur carte, tout remonte automatiquement et s’ordonne selon le type d’informations. Par exemple, les heures entre 22 heures et 5 heures s’enregistrent en heures de nuit. Même chose pour les heures de jour ou les heures supplémentaires enregistrées, qui s’intègrent dans le logiciel de gestion de paie, comme les frais.
S. C. : Comme auparavant pour l’installation de la déclaration sociale nominative (DSN), sans aucun problème. Notre logiciel était bien paramétré, tout était prévu de longue date… Le seul bémol a été l’acceptation par les salariés. Malgré toute l’information qu’on a faite l’an dernier, ils avaient l’impression de perdre de l’argent. C’est une question d’habitude.
S. C. : Les changements dépendent beaucoup de nos logiciels, car c’est le programmateur qui interprète la loi à sa manière et opère le paramétrage en conséquence. Si je ne suis pas d’accord, parce qu’une spécificité du TRM n’a pas été prise en compte, il faut que je leur donne un texte juridique pour valider la modification. Mais je ne modifie pas moi-même sans validation du logiciel. Globalement, notre problématique a été qu’en janvier, les lois ayant été votées tardivement, les décrets d’application n’étaient pas tous sortis… Nous avions un problème avec l’exonération des cotisations des heures supplémentaires et des heures complémentaires. Notre logiciel prenait bien en compte la majoration du taux horaire de nuit, sauf lorsque s’appliquaient les exonérations pour heures supplémentaires. Silae avait effectué les changements au bon moment, mais en appliquant la loi strictement… La spécificité du transport n’était pas considérée. Il n’enregistrait qu’un montant avec un taux horaire non majoré. Pour un salarié de nuit, cela signifiait jusqu’à 15 euros (maximum) de salaire net en moins. En attendant, nous avons travaillé à partir de notre interprétation, l’Urssaf étant plus conciliante en ce début d’année. Et nous procéderons à des régularisations si nécessaire.
S. C. : Comme nous effectuons les paies en décalage, de décembre à novembre, nous avions déjà calculé le CICE sur douze mois… Sur décembre 2018, nous n’avions donc plus le CICE, mais pas encore les exonérations de charges qui le compensent, et qui ne sont tombées qu’en janvier. Nous avons donc subi une perte de près de 15 000 euros en décembre…