La liste pourtant longue des activités exercées par C.I.E n’est rien en comparaison de la nature des services qui y sont associés. L’entreprise, dont le siège est aujourd’hui installé à Roissy-en-France (95), a été fondée en 2006 et s’est développée autour du transport (general cargo) entre la France et l’Angleterre. Au fur et à mesure, est venu s’ajouter le transport de produits sensibles – par exemple médicaux ou radioactifs, celui lié à l’organisation d’événements culturels comme des concerts, des tournées ou des festivals, celui d’œuvres d’art ou encore d’automobiles de compétition et d’exception. Cette diversification a été pensée pour permettre aux véhicules d’être exploités jour et nuit, mais également afin d’éviter les effets de saisonnalité. Qu’il s’agisse d’un appareil destiné à un hôpital ou d’éclairages pour théâtres parisiens, le personnel de C.I.E est en mesure de piloter l’installation du matériel. Concernant les œuvres d’art, les compétences des équipes dédiées vont jusqu’à l’acquisition d’un objet pour le compte d’un tiers. C.I.E s’appuie, en outre, sur plusieurs entrepôts dont celui de Saint-Witz (91) qui s’étend sur 15 000 m2. Le jour de notre visite, il abritait par exemple des décors de théâtre. « Notre politique consiste à placer l’être humain au centre et à accueillir avec bienveillance les nouvelles technologies. Plus que jamais notre métier sera tourné vers les services », estime Pierre Théry, le fondateur de la SARL. Suite à un violent braquage survenu en juin 2015, le dirigeant a fait le choix d’assurer au mieux la protection des conducteurs en décidant d’investir dans des poids lourds blindés. Au nombre de sept, ils sont dédiés à l’acheminement de produits à haute valeur ajoutée. Leur acquisition a par ailleurs contribué « à conférer à l’entreprise une belle image de marque ».
Cette image, C.I.E. la cultive depuis plusieurs années. En ayant parié dès 2013 sur le GNV, la SARL fait figure de précurseur. « En tant que membre de la FNTR, j’étais particulièrement conscient des solutions à adopter face à des enjeux environnementaux qui allaient s’accentuer », justifie Pierre Théry. Bien que les clients désireux de faire rouler des véhicules GNV ne disposent pas forcément du budget correspondant, le fait d’avoir amorti une bonne partie du parc constitue logiquement un avantage concurrentiel : « Nous affichons des tarifs très compétitifs », se félicite le gérant. Le site de Saint-Witz, qui fait office de parking pour les véhicules, ne peut pour le moment compter que sur une station à gaz mobile. À partir du mois de novembre prochain, une seconde, fixe, devrait toutefois être opérationnelle. Le dirigeant de C.I.E exprime également la ferme intention de relever le prochain défi, celui du passage à l’électrique. Ce nouveau virage est d’ores et déjà négocié puisque des tracteurs et des porteurs figurent en précommandes. Pierre Théry tient toutefois, pour le moment, à garder secrète la marque concernée. Pas moins de 68 véhicules légers ont en outre été récemment commandés pour le compte de la filiale Waant. Leur livraison est prévue pour se dérouler entre les mois de juin et de septembre 2018.
« Nous travaillons à 200 % au développement de Waant car la multiplication des applications rend le transport accessoire », souligne Pierre Théry. À travers cette nouvelle entité, qui est avant tout une marque, Pierre Théry souhaite propulser son groupe dans l’économie numérique. En l’espèce, Uber ou Airbnb font figure de modèles. Grâce à une application dédiée conçue en interne, Waant propose un service de livraisons haut de gamme, à domicile, de biens de natures très différentes, des vêtements aux produits de beauté en passant par les pièces montées. La plage horaire s’étend de 9h à 23h. Waant s’engage à ne pas facturer la course si celle-ci n’est pas assurée dans la demi-heure correspondant à l’heure cible. Mais ce n’est pas tout. La filiale de C.I.E. a d’ores et déjà élargi son offre de services à la personne. Elle est ainsi en mesure d’assurer l’organisation de n’importe quel trajet d’un point A à un point B… partout dans le monde. Logique, dès lors, de retrouver la présence de Waant dans plusieurs métropoles internationales. En dehors de l’Europe, la jeune entreprise opère à Moscou, Hong-Kong, Shanghai et aux États-Unis, dans les villes de Las Vegas, Los Angeles, Miami et New-York. « Tous les hôtes et toutes les hôtesses de Waant sont vêtus en costume ou en tailleur. Il en va de la qualité du service apporté. Notre personnel est capable de réaliser auprès du client final de la vente additionnelle ou même de permettre un essayage de vêtements à domicile », explique Pierre Théry. Ce personnel, souvent issu de cursus commerciaux, est multilingue. Sur la région parisienne, un utilisateur de Waant se voit offrir la possibilité de choisir entre sept langues. Les données gérées par l’application intéressent évidemment les entreprises clientes de Waant, lesquelles appartiennent souvent à l’univers du luxe et du premium. « Développer Waant permet d’élargir notre portefeuille clients et de développer C.I.E », se targue le dirigeant. Le déploiement de tels services implique en outre une nouvelle politique de formation. Celle-ci est en réalité prise en charge par les sociétés dont les produits sont livrés. On est loin du métier traditionnel de transporteur ou de logisticien ! Davantage encore lorsque l’on considère que le personnel féminin représente presque la moitié des effectifs. Même si Waant contribue déjà à hauteur d’un tiers du CA de C.I.E, Pierre Théry fait état de plusieurs projets concernant les activités historiques du groupe (cf. encadré). Le site de Saint-Witz, sur lequel C.I.E s’est installé en juin 2017, est ainsi en pleine transformation. D’ici deux ans, il hébergera un centre fort sousterrain destiné à accueillir des voitures de très haut de gamme ou de collection. Parallèlement, son accès sera totalement repensé afin de garantir un accès sécurisé aux poids lourds. Avant la fin de l’année 2018, C.I.E devrait aussi s’engager dans le transport combiné entre l’Espagne et la région parisienne. Seulement, tout développement possède un coût et nécessite des financements. Le gérant reconnaît un manque relatif de soutien de la part des banques, qui demeurent frileuses à l’égard des entreprises du secteur du transport. Une ouverture du capital pourrait-elle, dès lors, venir soutenir les investissements et les projets ? « Nous ne souhaitons pas », tranche Pierre Théry.
C.I.E Group est la holding familiale dont Pierre Théry détient, à lui seul, 50 %. Suite à une restructuration, initiée il y a deux ans, celle-ci regroupera d’ici l’année 2019 l’ensemble des sociétés rattachées à C.I.E. Une fois l’opération de consolidation menée à son terme, les entités situées en Angleterre et au Maroc feront partie intégrante du groupe. Outre-Manche, l’activité de C.I.E est essentiellement de nature industrielle. De l’autre côté du bassin méditerranéen, en revanche, l’événementiel tient le haut du pavé. S’il avait déjà été entièrement consolidé, le CA aurait représenté 26,8 M€ sur l’exercice 2017 ; le nombre de cartes grises aurait atteint 186 unités.
• Siège : Roissy-en-France (95)
• CA 2017 : 12 M€
• Effectif : 120 salariés dont 95 conducteurs
• Parc : 88 moteurs
• Activités : général cargo, transport sécurisé, événementiel, transport d’œuvres d’art…