En dépit des incertitudes politiques actuelles et d’une baisse moyenne de 3 % par an depuis 2014, tous les professionnels du transport et de la logistique sont convaincus que l’Algérie dispose d’un fort potentiel de croissance dans les échanges économiques avec l’Europe et la France en particulier. À 5,3 Md € en 2018, les principaux postes d’exportation de la France vers l’Algérie concernent les produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture (22 %), les matériels de transport (12 %), les produits pharmaceutiques (11 %) et les machines industrielles (11 %). Totalisant 4,2 Md€ l’an passé, les flux Algérie-France sont composés à 77 % d’hydrocarbures. Ce taux s’élève à 93 %, raffinés compris ! Suivent ensuite les produits chimiques, parfums et cosmétiques (5 %) puis agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture (1 %).
Sur ce marché complexe soumis à des quotas d’importation variables, Transcargo se présente comme un spécialiste : « Basée à Alger, notre filiale dans laquelle nous sommes majoritaire emploie 35 personnes et exploite une flotte propre d’une dizaine de tracteurs servant à la reprise des remorques au port, d’Alger en règle générale, puis leur acheminement jusqu’à leur point de destination », explique son président Marc Grolleau. Le transporteur qui pilote ses flux Europe-Maghreb depuis son siège à Vitrolles demeure l’un des rares à conserver sur l’Algérie une offre régulière hebdomadaire au moyen de remorques routières en complet et en groupage. « Le transit des remorques est plus rapide de plusieurs jours au port d’Alger, un avantage qui compense un coût supérieur par rapport au fret conteneurisé. » Au départ de Marseille, Transcargo utilise les services rouliers de CMA CGM, Suardiaz et de la CNAN. « Garantissant une fréquence régulière, leurs lignes desservent plusieurs ports algériens. Le défi est de trouver des flux Sud-Nord et, pour éviter les retours à vide, une partie des remorques est repositionnée au départ de Tunisie où le fret à remonter est plus important. » Dachser propose aussi une liaison de groupage hebdomadaire en remorques et conteneurs via Alger où est basée depuis 2003 sa filiale qui emploie 4 personnes. « Sur place, nous intervenons en qualité de commissionnaire international route, air et mer. Les flux conteneurisés et éventuellement en remorques complètes sont organisés à la demande », précise Dominique Charbonnier, directeur de Dachser Cargoplus France dont le hub de consolidation pour les flux de groupage entre la France, l’Europe et l’Algérie est à Marseille.
Face à la pénurie de retours, la plupart des acteurs opérant entre la France et l’Algérie ont opté pour le conteneur. Tel est le cas de Militzer & Münch (M&M) dont la filiale locale créée en 2016 avec un partenaire compte deux implantations à Alger et Oran, et emploie une dizaine de personnes. « En plus de conteneurs FCL à la demande, nous proposons une offre de groupage LCL hebdomadaire sur Alger et bimensuelle sur Oran avec gestion des formalités douanières si souhaitée. Ces groupages sont consolidés sur notre hub de Vitrolles en cours d’agrandissement », présente Guillaume de Laage de Meux, directeur général France-Europe du Sud et de l’Ouest-Maghreb du groupe M&M. Sur ces schémas, le groupe a traité 2 500 EVP avec l’Algérie l’an passé, « un volume en croissance de plus de 300 % en quatre ans ». Cette dynamique s’accompagne d’un renforcement de ses activités avec l’ouverture à Oran d’un entrepôt sous douane assurant des prestations logistiques avant distribution domestique.
Hébergeant déjà plusieurs constructeurs automobiles dont Renault et Volkswagen, la région d’Oran connaît un développement économique soutenu depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs dans sa périphérie, à Tafraoui, que PSA Peugeot-Citroën aménage actuellement une nouvelle usine. A l’origine très probablement de nouveaux flux industriels entre l’Europe et l’Algérie, son ouverture est annoncée dans le courant du premier semestre 2020. Avec une capacité de production de 25 000 véhicules lors de son démarrage et de 75 000 véhicules à terme, elle s’adressera en priorité au marché local en favorisant le sourcing de proximité.
De quoi relancer plusieurs projets logistiques dans le pays dont ceux de Gefco. Autour de quelques centaines de conteneurs par mois avec l’Europe (via Marseille avec la France), le prestataire a ouvert récemment un entrepôt sous température dirigée de 7 200 m2 à Boufarik au sud d’Alger répondant aux normes internationales pour le stockage et le traitement de produits pharmaceutiques. « Nous avons l’ambition de créer une offre de transport domestique sur l’ensemble du territoire algérien pour y accompagner nos clients, dont ceux du secteur automotive, venant compléter le transport de véhicules neufs déjà opérationnel », confie Emmanuel Arnaud, vice-président exécutif commerce et marketing du groupe.
Comme au Maroc, ce projet combinera des capacités propres complétées par celles de partenaires locaux.
Au moyen d’une filiale créée avec un partenaire algérien, Gefco déclare en sus de Boufarik une présence à Alger, Mostaganem, Bejaia et à Oran. Sur place, il emploie une quarantaine de personnes.
Avec pour principaux ports d’échanges Arzew, Skikda et Bejaïa traitant, en majorité, des vracs liquides et solides, l’Algérie est le premier client du port de Marseille-Fos avec un trafic de 10 Mt en 2018. Sur ce volume, 10 % seulement sont des marchandises diverses. Parmi elles, les conteneurs s’élèvent à 110 000 EVP environ et le flux roulier à 1 800 remorques routières. En 12e position, les échanges entre le port de Marseille et la Tunisie, le port de Radès en particulier, se sont élevés à 2,5 Mt l’an passé (+ 5 %) composés à 70 % de marchandises diverses. Si le nombre de conteneurs est modeste (15 800 EVP), le roulier totalise près de 1,5 Mt (+ 2 %) avec plus de 65 000 remorques routières (+ 5 %). Quant au trafic entre le port phocéen et le Maroc, il demeure marginal à hauteur de 650 000 t (+ 13 % en 2018). Avec Casablanca pour premier port touché, les volumes se composent à près de 70 % de diverses, conteneurisées pour l’essentiel.