Illustrés par un déséquilibre croissant des volumes dans le sens nord-sud, les échanges entre la France et la Tunisie retrouvent un rythme soutenu depuis une vingtaine de mois. En témoignent ses expéditions vers la France en hausse de 7 % en valeur l’an passé. A hauteur de 4,5 Md€, la filière historique textile, cuir et chaussures y représente 27 % devant les matériels de transport (18 %), les produits informatiques, électroniques et optiques (17 %) et les équipements électriques et ménagers (15 %). On retrouve d’ailleurs les mêmes familles en tête des marchandises transportées entre la France et la Tunisie totalisant 3,3 Md€ en 2018. Dans les 2 sens, la voie maritime privilégiée relie Marseille à Radès au moyen de services rouliers, opérés par le duo CMA CGM-DFDS et la CTN, adaptés à des plans de transport où la remorque domine.
Présent depuis 1986 par le biais d’une filiale créée avec un partenaire local, Dachser s’appuie sur une équipe de 85 personnes en Tunisie. « En complément des envois en véhicules complets, nous proposons plusieurs lignes de groupage sur les différentes agences Dachser et, par l’intermédiaire de notre hub à Marseille, une ligne de groupage quotidienne avec l’ensemble du réseau, confie Dominique Charbonnier. À ces services de transport routier international qui ont représenté un trafic de 9 000 passages en 2018 s’ajoutent, localement, des prestations en commission de transport air-mer. Un projet logistique est également en réflexion pour 2020. » Ce renforcement coïncidera avec l’inauguration de nouveaux locaux à Radès ; une des trois implantations du groupe dans le pays avec celles sur l’aéroport de Tunis et à Sousse. Autre nouveauté relevée par le directeur de Dachser Cargoplus France, « la mise en place d’un “pont routier” entre le Maroc et la Tunisie via nos deux hubs, Bordeaux pour le Maroc et Marseille pour la Tunisie. Ce schéma est plus rapide qu’un trajet maritime ».
L’un des défis dans les plans de transport routier entre la France et la Tunisie consiste à atténuer l’impact du déséquilibre des flux du fait de volumes plus importants dans le sens sud-nord. Pour éviter l’envoi de remorques vides vers la Tunisie, la plupart des transporteurs ajustent leurs propositions commerciales et tentent de diversifier les familles de produits traitées. Un autre enjeu est la fiabilité des services rouliers maritimes soumis aux conditions de navigation en Méditerranée à l’origine, parfois, de retards perturbant l’organisation des manutentions à Marseille, et à des « laissés à quai » à Radès faute de capacités suffisantes à bord des navires.
Face aux déséquilibres de flux, quelques opérateurs, à l’image de Transcargo, repositionnent en Tunisie leurs remorques depuis l’Algérie confrontée à un manque de fret retour. Pour opérer cette logistique, Transcargo s’appuie notamment sur ATMS, son agent exclusif en Tunisie depuis plus de vingt-cinq ans. « Transporteur domestique et spécialiste des flux en transit, ATMS assure la traction de nos remorques routières sur l’ensemble du territoire tunisien en correspondance avec nos rotations régulières entre la France et la Tunisie en complet et groupage pilotées depuis notre siège à Vitrolles », précise Marc Grolleau dirigeant de Transcargo. Sur ce schéma, l’entreprise déclare le traitement de 300 passages chaque mois.
Annoncée d’ici fin 2020, l’extension des installations à Sousse par Militzer & Münch (M&M) illustre la relance des trafics en Tunisie. « De 3 000 m2, elle portera nos capacités locales à près de 20 000 m2 avec des implantations également à Radès, Sfax et sur l’aéroport de Tunis. Géré par une filiale créée avec un partenaire tunisien, ce réseau emploie une centaine de personnes », présente Guillaume de Laage de Meux. Pour le directeur général France-Europe du Sud et de l’Ouest-Maghreb du groupe M&M, cet investissement s’inscrit dans une politique de croissance de ses rotations quotidiennes avec la France, en complet et groupage, consolidées sur son hub de Vitrolles et qui ont comptabilisé 6 000 passages l’an passé. C’est également depuis Vitrolles que Gefco pilote ses services de groupage entre l’Europe de l’Ouest et la Tunisie. « En 2018, ils ont représenté 10 000 passages, en complet compris », souligne Emmanuel Arnaud, exécutive vice-président commerce et marketing. Présent par le biais d’une filiale créée avec le tunisien Socotu qui assure notamment la distribution domestique dans le pays, le groupe emploie une cinquantaine de personnes en Tunisie réparties sur trois sites à Radès, Enfidha et Sfax. « En plus des matériels de notre partenaire, Gefco y exploite une flotte dédiée d’une trentaine de remorques porte-voitures ainsi qu’une surface logistique adossée à un parc de stockage automobiles totalisant 18 000 m2 à Radès. Comme au Maroc et en Algérie, notre offre en Tunisie intègre le transport de véhicules finis. » Et pour atténuer le déséquilibre des flux, le prestataire mise notamment sur le développement des liaisons Italie-Tunisie dont l’hinterland s’étend aux pays d’Europe centrale et de l’Est.