Jean-Pierre Sancier a tenu, le 15 mars, sa dernière conférence STEF devant les analystes financiers et la presse. « On continuera à regarder cette entreprise avec affection », a assuré le dirigeant, qui s’apprête, comme nous l’annoncions en novembre dernier (cf. l’OT n° 2948), à rejoindre TLF où il occupera la vice-présidence aux côtés d’Éric Hémar, le nouveau président de l’organisation patronale. Le conseil d’administration de STEF a décidé de réunir les fonctions de président et de directeur général. Elles reviendront, lors de l’assemblée générale du 30 avril prochain, à Stanislas Lemor, le fils de Francis Lemor. « Les derniers pionniers à l’origine du groupe vont nous quitter. Merci et bravo pour tout ce que vous avez construit ! Ce patrimoine, je vais le conserver pour le transmettre aux générations futures », a déclaré Stanislas Lemor, qui a fait équipe avec Jean-Pierre Sancier dès 2012, au moment ou STEF réalisait un chiffre d’affaires de 2,3 Md€ (3,2 Md€, sept ans plus tard). « Jean-Pierre, vous avez été un très bon pilote », a lancé Stanislas Lemor à son aîné. Marc Vettard, qui a gravi les échelons dans le groupe et est à l’origine du redressement de la filiale italienne, sera nommé, lors de la même assemblée générale, directeur général délégué chargé des opérations. Quant à la direction financière du groupe, elle échoit à Ludovic Laporte.
C’est un Jean-Pierre Sancier un peu noué qui a présenté le bilan 2018 de STEF. Évoquant une certaine presse qui prétend que « STEF emprunte une route verglacée », le Dg du groupe a rétorqué que « la maison est bien tenue ».
Le groupe de transport frigorifique a connu une année 2018 euphorique avec « une croissance exceptionnelle » (quasiment + 10 %). Malgré une conjoncture peu favorable – ralentissement relatif de la consommation alimentaire en Europe (Espagne et Italie surtout), mais pas en France (+ 3,4 %) – le dirigeant a pointé du doigt les actions des Gilets jaunes qui ont perturbé ses trafics en fin d’année, engendrant par ailleurs une baisse de la production alimentaire (– 1,6 %). « Le résultat a été affecté, mais pas le chiffre d’affaires », a précisé Jean-Pierre Sancier. Le futur vice-président de TLF a également évoqué « des positions fragiles en Suisse et aux Pays-Bas », deux marchés à forts investissements pour le groupe. « Malgré cet environnement, nous avons surperformé et consolidé partout notre positionnement de pure player », a assuré Jean-Pierre Sancier. Et de citer les positions améliorées en Italie sur le segment du surgelé (le groupe n’était plus présent), et « ce renforcement de notre position de leader du Seafood avec le rachat d’Express Marée ». Une acquisition accompagnée d’un autre rachat, en 2018 également, celui de l’italien Marconi. En tout cas, l’an dernier, STEF a réalisé une croissance organique de 127 M€, « c’est considérable », et une croissance externe de 60 M€.
En France, l’activité transport a généré un chiffre d’affaires de 1,3 Md€ (contre 1,2 Md€ en 2017) pour un résultat opérationnel de 94,2 M€ (71,9 M€ en 2017). Au rayon logistique, les ventes se sont établies à 657 M€ (contre 524 M€) pour un résultat opérationnel en baisse (de 17,6 M€ à 8,3 M€), « affecté par les coûts de structuration de notre RHD et par les Gilets jaunes » (1 % de non-qualité et une perte de chiffre d’affaires de 7 M€, selon une estimation livrée par Stanislas Lemor). Le groupe annonce avoir recruté, l’an dernier, 600 conducteurs (l’effectif est passé de 15 000 à 18 000 salariés en deux ans) et musclé son portefeuille de cartes grises (350).
Selon le futur P-dg, STEF a engagé une enveloppe de 342 M€ pour ses investissements, « deux fois plus qu’en 2018 ». Les plateformes de Lisbonne, Rome, Bologne et Barcelone sont en cours de rénovation. Par ailleurs, la société Grégoire Gaillard, achetée en 2018, doit être intégrée dans le courant de l’année. Selon Stanislas Lemor, le résultat net (part du groupe) a progressé d’un petit 0,8 % à 94,4 M€. Quant au CICE, il a généré un apport supplémentaire de 21 M€. STEF a, en outre, procédé à la réorganisation de ses secteurs opérationnels, passés de cinq à quatre (sept business units pour la France). Optimiste, Stanislas Lemor estime que les mesures de revalorisation salariale mises en place par le gouvernement « devraient se retrouver dans la consommation alimentaire ».