Selon un rapport transmis la semaine dernière à la commission parlementaire des travaux publics, 203 chantiers sont actuellement bloqués en Italie. Au problème récurrent de la bureaucratie, particulièrement lente de l’autre coté des Alpes, s’ajoute celui du manque de fonds. Et aussi des priorités du gouvernement actuel. Selon le sous-secrétaire d’État aux Transports et aux Infrastructures du précédent gouvernement, une partie des ressources, soit une enveloppe de quasiment 2 Md€, a été détournée pour alimenter le fonds destiné au revenu de citoyenneté universel, l’une des mesures phares de l’exécutif mises en place en avril dernier. C’est du moins ce qu’affirme Riccardo Nencini, membre de la commission parlementaire, à deux importants quotidiens italiens, La Repubblica et le régional QN. Interpellé par l’ancien sous-secrétaire d’État, l’actuel ministre des Transports et des Infrastructures aurait déclaré qu’effectivement une partie des fonds a bien été utilisée pour subventionner le revenu universel de citoyenneté.
En bloquant ces chantiers et en repoussant les appels d’offre à 2021, le gouvernement « giallo-verde », les couleurs des deux partis aux commandes du paquebot Italie, le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue, économiserait dans l’immédiat quelque 16,3 Md€. Soit le coût global des 203 chantiers verrouillés selon l’Anas, l’institut national du réseau routier italien à l’origine du rapport remis à la commission parlementaire. Dans cette étude, l’Anas estime que le Sud est particulièrement touché par cette opération de blocage, malgré les promesses du gouvernement qui voulait sortir cette région de son isolement en relançant le réseau des infrastructures obsolètes.
La région de la Basilicate risque d’être coupée du reste du pays, les travaux d’élargissement de la route nationale, essentielle au transport et aux déplacements, étant bloqués jusqu’en 2021. Au centre du pays, le scénario est quasiment identique, voire pire, certains appels d’offre étant carrément repoussés à 2022.