C’est peu dire qu’aux transports Oberson, la neige s’inscrit dans la pratique quotidienne. Le siège de l’entreprise se trouve à Moirans-en-Montagne, au cœur du Jura. « Nous avons facilement 20 à 30 cm de neige sur la route en hiver, note Alain-Stéphane Oberson, le P-dg. Mais la préfecture n’a pas prononcé d’arrêté d’interdiction de rouler depuis trois ans. Ici, on anticipe et on enlève la neige, contrairement à ce qui s’est passé dans la région parisienne la semaine dernière. Et surtout, on prévient à temps, pas après coup. On arrête systématiquement les PL alors qu’on devrait réfléchir plus en amont. L’économie globale a besoin de nous ! »
Joël Ringenbach, à l’exploitation, est sur la même longueur d’onde : « On a tout bloqué, partout, pour 15 cm sur la chaussée ! On aurait tout de même pu dégager certaines voies pour les camions. À vitesse réduite, nos véhicules lourds tiennent bien la route. » En contact permanent avec les conducteurs détachés en Île-de-France, l’exploitant a géré en direct huit conducteurs bloqués et parqués dans des endroits pas les autorités. « Certains ont eu la chance de se retrouver sur un parking avec un restaurant, mais l’un d’entre eux, par exemple, était coincé à l’entrée d’une autoroute », raconte-t-il. Les blocages ont perturbé l’activité, poursuit-t-il : « Un des chauffeurs qui avait rechargé sur Laval est resté bloqué de mardi soir à jeudi midi sans pouvoir vider à Dijon. Un autre qui devait livrer mercredi soir à Chartres, a été bloqué et n’a pas pu livrer non plus le lendemain matin. On a dû reprendre rendez-vous pour le jour suivant. Un autre, qui devait livrer vendredi, a dû laisser son camion sur un parking surveillé pour ne boucler sa course que lundi... »
De plus en plus de clients, dans la grande distribution notamment, n’acceptent plus les livraisons sans rendez-vous. Et là, neige oblige, les agendas étaient « blindés ». Mais, reconnaît Alain-Stéphane Oberson, « nos clients ont été très compréhensifs. Certains ont même accepté de régler un aller-retour de plus ». Il n’empêche, pour Michel Carron, directeur opérationnel, « l’entreprise enregistre une perte sèche de 15 000 €, qui frise les 20 000 € avec les frais de route, le blocage d’un camion trois jours et l’activité perdue. »