À l’image des autres opérateurs de combiné rail-route, Novatrans a réalisé un sans-faute durant la récente crise sanitaire en acheminant toutes les marchandises confiées, palliant ainsi les difficultés du transport routier à opérer sur les longues distances. Cependant, cette résilience du rail ne doit pas faire oublier les conséquences dommageables des mouvements sociaux de 2018 et 2019, et c’est surtout la qualité de service qui a atteint des sommets à cette occasion. Elle s’est élevée à plus de 96 %, ouvrant de fait la voie à la croissance des volumes. Car comme le confirme Thibault Fruitier, directeur général de Novatrans, « il y a un vrai lien de cause à effet. Dès lors que la qualité de service progresse, les volumes remis par nos clients augmentent ».
Novatrans démultiplie donc ses efforts pour maintenir cette régularité au plus haut niveau. Le programme européen ETA (estimated time arrival) en constitue un exemple. Seul opérateur français à l’avoir mis en œuvre pour la liaison Anvers-Mouguerre (près de Bayonne), Novatrans est ainsi en mesure de faire remonter des informations en temps réel à ses clients. Grâce à cette digitalisation proactive, ces derniers peuvent déclencher les conducteurs routiers au bon moment. Ces gains de productivité se concrétisent en autant d’économies réalisées pour les chargeurs.
C’est donc la performance qui constitue la pierre angulaire des futurs développements du combiné rail-route. « Sur le trafic de transit longue distance qui est assuré par des transporteurs routiers européens, le report modal en faveur du rail pourrait s’accompagner d’une relocalisation des emplois de conducteur réalisant les pré- et post-acheminements en faveur du pavillon français, explique Thibault Fruitier. Sans compter que ces dessertes locales pourraient être réalisées avec des camions décarbonés ainsi que le prévoient les mesures présentées dans le cadre de l’Alliance 4F. »
En attendant, force est de constater que l’amplification annoncée du report modal doit composer avec des forces contraires. La première est relative au coût du gazole, dont les cours devraient rester bas à court et moyen termes. Ils pourraient donc favoriser un recours accru à la route, les chargeurs étant enclins à réaliser des économies sur leurs frais de transport après la difficile période qu’ils viennent de traverser.
Le second point de vigilance est pour le moins inattendu. Faute d’avoir été en mesure de réaliser les travaux sur les voies (cinq mois de retard en moyenne), SNCF Réseau vient d’informer ses clients – au rang desquels figurent en bonne place les opérateurs de transport combiné – que les engagements sur la qualité des sillons ne pourraient être tenus pour une période de deux ans à compter de décembre 2020. Nul doute que les discussions en cours pourraient déboucher sur des compromis. Car, à défaut, la non-reconduction de ces accords-cadres constituerait, alors, un très mauvais signal donné au développement du transport combiné.