Nouvelles marges de manœuvrepour le fret ferroviaire

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Avec une part de marché de 9 %, le risque de marginalisation du fret ferroviaire est réel. Les opérateurs ferroviaires de proximité et rail-routiers participent à sa relance dans un écosystème rénové.

Rendez-vous annuel, les Rencontres du fret ferroviaire et des OFP sont l’occasion de dresser un bilan de l’activité des opérateurs ferroviaires de proximité, de leur environnement réglementaire mais aussi de présenter des innovations. Tel a été une nouvelle fois le cas le 15 novembre à Levallois-Perret avec l’intervention de Pieter van den Bold, dirigeant d’Innovatrain. Sa société a conçu un système de manutention horizontale pour transport rail-route. Baptisé « ContainerMover », ce dispositif monté sur châssis routier permet d’effectuer des transbordements de conteneurs de 20 à 45 pieds ou de caisses mobiles standards, d’un poids de 18 à 34 tonnes, du camion vers le train et vice-versa. « Cette technique donne des avantages en termes de flexibilité, et supprime le besoin d’infrastructures lourdes. » Déclarant un coût de 15 € par transbordement piloté au moyen d’une télécommande en moins de quatre minutes, le système posé sur le véhicule routier se compose de deux poutres actionnées par la force hydraulique et pneumatique. Côté train, les wagons sont équipés d’adaptateurs amovibles hauts de 11 cm dotés de charpentes métalliques fixées à l’aide de goupilles. L’ensemble fait coulisser l’unité de transport intermodal de façon horizontale. « Comparé à une manutention avec reach stacker, le ContainerMover réduit de 55 % le besoin de surface. » En service depuis 2011 en Suisse avec une quarantaine d’exemplaires autour d’un réseau de 10 hubs, cette technique réalise 240 000 mouvements par an actuellement. Plus récemment, au printemps 2018, Captrain Deutschland, filiale de SNCF Logistics, l’a retenu pour des trajets pour Volkswagen en Allemagne. « Un ensemble routier équipé revient à 250 000 € et l’adaptateur sur le wagon à 3 500 € », confie Pieter van den Bold, à la recherche d’un partenaire en France.

Les OFP en France

Incluant parfois des transporteurs routiers à leur tour de table, une trentaine d’OFP (opérateurs ferroviaires de proximité) sont actifs dans l’Hexagone. Avec des zones de chalandise plus ou moins importantes et des missions variables, sept sont territoriaux : CFR Morvan, Régiorail Sud (ex-TPCF), RDT 13, Régiorail Lorraine, Régiorail Rhône-Alpes, Ferrivia et Combrail. Quatre sont portuaires : OFP Atlantique avec Ouest Rail pour opérateur, Normandie Rail Services, Régiorail Provence et OFP Sud-Ouest. S’y ajoutent trois entreprises ferroviaires « territoriales » (Europorte Châtillonnais, VFLI Alsace, Lineas Hauts-de-France), 13 prestataires gestionnaires d’infrastructures dont neuf portuaires, filiales, pour la plupart, d’Europorte et trois gestionnaires d’infrastructures conventionnés que sont Socorail, Sferis et Colas Rail. De 5,3 Mt en 2015, le fret ferroviaire traité par ces acteurs a doublé en deux ans pour dépasser 10 Mt aujourd’hui, soit 11 % du fret ferroviaire national en tonnage et 6 % en tonnes kilomètres. Leur effectif total s’élève à 350 personnes à la tête d’une flotte de 72 locomotives.

Nouveau paradigme

L’année 2018 marque un « tournant législatif et économique dans le ferroviaire », rappelle Jacques Chauvineau, président d’Objectif OFP. Les mesures prises sont de grande ampleur : reprise de la dette de SNCF Réseau à hauteur de 35 Md€ d’euros, investissement de 3,8 Md€ par an dans l’infrastructure pendant dix ans, stabilisation des péages avec maintien de la compensation fret à hauteur de 90 M€ par an et, pendant cinq ans, 30 M€ par an alloués aux voies capillaires et de services et de l’aide à la pince pour 27 M€ par an. En contrepartie, les pouvoirs publics ont demandé à SNCF Réseau un effort de productivité, et envisage la réforme de Fret SNCF sur la table des autorités européennes. Au sein du gestionnaire d’infrastructures, une nouvelle stratégie baptisée « Nouvel R » est censée répondre à cette attente autour de grands objectifs : renforcer la robustesse des grands nœuds ferroviaires saturés ou à fort potentiel, rénover les voies capillaires et de service dans le cadre d’approches collaboratives et déployer de nouvelles technologies, dont de gabarit, pour augmenter les capacités du réseau et améliorer la gestion de ses actifs. Aujourd’hui, la part de marché du fret ferroviaire s’établit à 9 % en France.

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