F. B. : Il faut savoir ce que l’on entend par camion autonome : une assistance à la conduite, le platooning ou encore le camion sans chauffeur. Il convient donc de rester attentif lorsque l’on parle de « camion autonome » car cela ne se traduit pas forcément par « camion sans conducteur ». Au départ, nous pensions que l’arrivée du camion autonome se ferait progressivement afin de permettre au personnel de se former. Cependant l’ITF(1) évoque des scénarios de déploiement relativement rapide de ces technologies. Par conséquent, nous devons anticiper les transformations, notamment en termes de qualification du personnel des entreprises de transport.
F. B. : La question des tensions sur le recrutement dans notre secteur fera partie des sujets du congrès de la FNTR, le 10 octobre prochain. Nous débattons actuellement sur les classifications conventionnelles. Si le camion devient autonome, et que le métier de conducteur évolue, le chauffeur sera-t-il « ouvrier » ou « technicien » ? Nous œuvrons à intégrer la dimension technologique dans les programmes de formation. Par ailleurs, nous avons mis en place l’initiative Tremplin (Transport emploi innovation), une campagne de valorisation des métiers afin de pourvoir un grand nombre d’emplois. Il se peut que les jeunes ne veuillent pas rentrer dans un métier qui aurait disparu dans quelques années, notamment à cause de l’arrivée à terme du camion autonome sans chauffeur. Notre rôle consiste à les rassurer et les informer sur le potentiel de ce métier en pleine mutation. Au contraire avec le camion autonome, le métier de conducteur va monter en gamme en devenant plus qualifié. À noter qu’actuellement, les conducteurs évoluent déjà dans un environnement digital avec le chronotachygraphe et les outils de traçabilité de la marchandise.
F. B. : Le platooning représente la forme de « camion autonome » qui arrivera le plus rapidement sur le marché car il ne nécessite pas de formation technologique très pointue pour le conducteur. Les conducteurs pourront rapidement s’adapter à ce nouveau mode de pilotage du véhicule. Et ce d’autant plus que davantage d’entreprises de transport ont pris le tournant de la digitalisation, notamment les jeunes chefs d’entreprise. En ce qui concerne la règlementation, les ministres européens des Transports se sont engagés à œuvrer pour une réforme des dispositions règlementaires afin d’encadrer la mise sur le marché des véhicules autonomes, notamment en termes de sécurité. En fait, le délai de mise en place des camions autonomes sur la route dépendra avant tout des pouvoirs publics. La technologie avance rapidement mais l’adoption des décisions politiques reste plus lente.
(1) Forum international des Transports